lundi 3 février 2014

A la poursuite du diamant vert


Aprés Diamantina, nous mettons le cap vers un autre haut lieu de la recherche de diamants, la Chapada de Diamantina. Les diamants sont loin d'être la seule richesse de la Chapada. Ce massif montagneux s'élève au milieu d´un paysage semi-aride et représente un oasis de fraîcheur et d´humidité pour des milliers d'espèces animales et végétales. Des roches stratifiées sculptées par l´eau et le vent en constituent de puissants remparts. Remparts contre la sécheresse, remparts aussi contre l´agriculture intensive dont les champs surexploités viennent s'échouer juste aux pieds. En entrant dans la Chapada, on a l'impression de monter à bord d´un navire, d'une arche de Noé.


En quittant Diamantina, nous remontons rapidement vers le Nord en grande partie grâce à Samuel, sympathique camionneur bahianais qui nous avancera de quelques 400 km.

ça swing dans le camion : Beattles et reggae brésilien viennent couvrir le bruit du moteur 
Les camionneurs aussi sont des nomades : cuisine intégrée au camion, banquette-lit et douches dans les stations services

Quelques jours seulement suffiront pour rejoindre le Sud de la Chapada. Quelques jours au cours desquels nous traverserons de petits villages aux habitants curieux et avenants. Ici, un villageois nous apporte un café fumant  au sortir de la tente, là, on nous offre un sac rempli de umbu, fruits typiques de cette région sèche qui regorgent d´eau et de vitamines. Au premier abord, les bahianais semblent tenir leur réputation de personnes chaleureuses et enjouées.

Dans le Sud de la Chapada, nous sommes invités à passer quelques jours chez Ju et Lou, un couple franco-argentin qui ont trouvé ici leur bonheur. Ils se sont installés au campo redondo il y a 3 ans avec leur petite fille Amara. Depuis ils ont construit leur maison avec les matériaux locaux, terre et pieds de caféiers, planté maniocs et ananas qui poussent à foison et confectionné un petit frère pour Amara.

Le campo redondo : "champs rond" encerclé de parois rocheuses

Quand on arrive chez Ju et Lou, on a l'impression d'entrer dans une hutte de lutin. Chapeau l'intégration paysagère!

Entre les enfants qui ne se fatiguent jamais de jouer, les travaux de la maison qui n'en finit pas de se construire, les nombreuses randonnées à faire dans les alentours et l'équipe de joyeux lurons du campo redondo qui a prévu de mettre en place un cirque, les activités ne manquent pas.

Vas-y Max : tu te débrouilles plutôt bien comme nounou!

Et au fait, comment fait-on pour monter un cirque? Après tout, ce n'est qu'une tente...un peu plus grande que la nôtre d'accord.


Rien à voir! C'est plutôt comme un voilier : il faut encrer la structure en enterrant des rondins de bois, faire des nœuds marins, hisser la toile en criant bien fort!

Une fois les mâts solidement maintenus par des haubans et la toile fixée, il n'y a plus qu'à hisser!
Ici, on travaille toujours en musique pour motiver les troupes; Hissez haut, santiano!
Pause repas bien méritée pour les travailleurs
ça c'est du travail d'équipe! Et Max, il ne te manquerait pas quelques centimètres ?
Nous sommes fiers et émus d'avoir pu participer à la naissance d'un tout nouveau cirque
Et nous assistons à l'inauguration avec un numéro de trapéziste qui virevolte sous les yeux ébahis des enfants 


Bref, nous laissant s'écouler le temps dans ce petit coin de paradis en dégustant chaque seconde, les 1ères heures du jour accompagnées des bruits de la nature qui se réveille, les nuits tièdes de pleine lune dont la luminosité se répercute sur les parois rocheuses, l'odeur qu'exaltent les plantes après la pluie, le silence paisible troublé uniquement par le chant des grillons et...les délicieux croquants aux noix que mamie Pierrette a ramené du Gers dans ses bagages!!
C'est la 2ème fois que nous sommes tentés de nous installer quelque part : ici, pas de permis de construire, des terrains accessibles (5000 euros les 4 ha), pas d'impôts, la liberté!

Nous nous prenons congés de Ju et sa petite famille après un séjour d'une bonne semaine.

Obrigada galera para estos dias juntos, vous nous avez donné l'impression de faire partie de la famille!

Ce qui marque le plus dans la Chapada, c'est la présence d'eau : on la sent partout, elle vient de toutes les fissures, de toutes les fractures et forment des cascades impressionnantes. Et quand on ne la voit pas, elle dessine les lignes de végétation et laisse ses marques sur les dalles rocheuses.

Avec ses 85 m de chute, le Buracão est certainement l'une des plus belles cascades de la Chapada
On y accède par un étroit canyon qui débouche sur la cascade, ménageant l'effet de surprise.
La fumaça est la 2ème plus haute cascade du Brésil avec ses 380m de chute. 

L'eau qui coule de la Chapada est rouge sombre, chargée du tanin des plantes et du fer de la roche, comme un thé que l'on aurait laissé un peu trop infusé. A 1 m de profondeur, on n'y voit goutte, immergés dans le noir total, perdus dans l'espace. A remontant à la surface, on est baignés dans une douce lumière rouge. Malgré sa couleur, l'eau est délicieuse et on se désaltère directement dans les rivières.

Vous reprendrez bien une tasse de thé!

Dans la Chapada comme dans tout le Nord-Est du Brésil, toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête.
C'est à Igatu que nous commençons la longue série des festivités, petit village dont les maisons sont noyées dans la végétation et les manguiers. Les habitants y sont accueillants et très accessibles. Les vieux du coin nous tapent la discute comme si nous étions voisins depuis toujours.



Ici, on prépare la festa do boi (la fête du boeuf), une fête dont personne ne semble savoir exactement l'origine mais qui bat son plein toutes les années. Les festivités commencent par un ptit déj communautaire aux aurores où tout le monde apporte sa participation : les uns viennent avec du café, les autres avec des plats sucrés ou salés. On n'en finit pas de découvrir les spécialités brésiliennes : beijo (galette de tapioca), bolo de milho (gateau de maïs), sonos (beignets à la goyave)...

Le petit dej' est le repas le plus important de la journée et on ne se fait pas prier!
Les rencontres sont fructueuses. Entres autres, nous faisons la connaissance de Vitoria, originaire de Salvador nous invitera à venir chez elle dans la Capitale de Bahia et nous tombons sur Anne la musicienne, connaissance de Valence, venue passer 3 mois au Brésil pour y découvrir les nombreux genres musicaux du pays : choro, maracatu, forro, samba... . Elle est logée chez Maria, l'organisatrice de la fête qui nous propose de participer au défilé en enfilant des déguisements dignes des costumes de carnaval.


Et ce n'est que la fête du bœuf, alors imaginez le carnaval!
On se fera une soirée thématique brésilienne en rentrant Anne! Tu t'occupes de la zik?!

Après la fête du bœuf on enchaîne avec celle du nettoyage des escaliers de l'église à Lençois : n'importe quelle occasion est bonne pour faire la fête ici!

Les ménagères baihanaises sont de toute beauté avec leur costume de dentelles blanches
Le balayage des marches devient une vraie cérémonie. 
Les démonstrations de capoeira sont toujours de mise avec les festivités
La belle brochette!! Et les copines, vous êtes sûres que vous ne voulez pas venir nous rejoindre?

Et puis, il y a la fête de la São Sébastao dans la vallée du Capao où nous débarquons après 2 jours de marche en pleine brousse et d'immersion en pleine nature. Stop, s'il vous plaît!!!!

Nous y retrouvons Anne par hasard qui est toujours au bon moment au bon endroit.

Ce soir c'est concert-live de forro, c'est reparti pour une bonne soirée!

L'inconvénient du Nord de la Chapada c'est qu'ici, tout se paye. Partir sans guide est mal vu et nous avons du mal à obtenir des indications pour trouver le début de la rando : c'est secret gardé! Sans parler des rumeurs qui courent sur les soi-disant agressions des touristes sans guides... Heureusement, dans le Sud de la Chapada, nous avions pu nous procurer une carte détaillée du site avec lignes de niveau et kilométrages qui nous sauvera. Pour ne pas perdre notre chemin, il nous faut guetter les traces de présence humaine : la roche noire devenue grise sous les pas des randonneurs, des branches fraîchement cassées, des traces de semelles dans le sable...

Nous, on n'a pas besoin de guides, on est libres !

En 4 jours de marche dans ces montagnes aux contours circulaires, aux sommets plats et à la végétation rase, nous arrivons dans la vallée do Patty, une vallée luxuriante typiquement tropicale, où habitent encore quelques personnes qui vivent là comme depuis toujours : sans électricité, sans eau courante. Nous croisons un couple qui revient d'Andaraï, à 4 heures de marche de chez eux avec leurs ânes chargés de provisions. Le joyeux bruit de leur rire précède leur arrivée  : apparemment, ces dures conditions de vie ne les rend pas malheureux, au contraire!

Vue sur la vallée do Paty, encore sauvage et préservée malgré la ruée du diamant d'hier et celle des touristes d'aujourd'hui


La Chapada est un concentré de microcosmes : on retrouve un peu du Vercors avec ses plateaux rocheux tapissés de vert et de l'Amazonie avec ces vallées noyées dans la jungle où l'on peu encore apercevoir des colonies de singes. Non loin des monticules colossaux aux airs de Monuments Valley, on trouve une végétation digne des jardins japonais : bien organisée avec cactus et plantes grasses, chemin de sable blanc et galets, sources d'eau qui s'apparentent à des fontaines où flottent quelques nénuphars.
Et à quelques kilomètres, une zone humide : le pantanal, paradis des caïmans, piranhas, tarentules et autres bébêtes sympathiques.

Au milieu de la zone semi-désertique, un gouffre, une grotte et l'eau, limpide.
Tellement de choses à voir dans un territoire pourtant bien restreint qu'il nous est impossible de tout faire. Et nous nous résolvons à partir, laisser la tranquillité de la Chapada pour rejoindre Salvador, capitale de Bahia où d'ici quelques jours va avoir lieu la fête de Yemanja, en homage à la déesse des mers, date importante dans la religion africaine du Candomblé.

11 commentaires:

  1. Très belles photos, comme toujours ! Et bonne fête de la Yemanja, qu'elle vous soit propice pour la traversée du retour ! ( à moins que vous ne trouviez encore un terrain à acheter, mais je pense que ça ne va peut-être pas plaire aux mamans).
    Bises. Nicolas

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  2. les photos sont superbes!! à en voir les photos et vos commentaires, le brésil rassemble de nombreux "diamants"la fête, de magnifiques paysages, des bons petits plats, des gens chaleureux du coup trouver un terrain dans un petit havre de paix doit laisser pensif!! j'ai quant même envie de revoir vos bouilles::: continuez de bien profiter de toutes ces rencontres!!!! plins de bisous!! sandra

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    1. Promis ma Sandra on rentre en juin juillet si les voiliers le veulent bien!!! ET apres fiesta casa!!

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  3. Oh ça a l'air génial cet endroit. Faudra me donner quelques conseils pour mon voyage en août. Merci pour toutes ces belles images. Mais vous manquez quand même ... Gros bisous les loulous
    Delph

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    1. T'inquiétes ma Delph si tu viens faire un bout de chemin retour avec nous on te donnera tous les bons filons pour le Brésil!!!!

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  4. hola chicos sigo aqui no los holvide ya me encontre un par de viajeros les conte de ustedes pero lo de ustedes es lo mejor titi

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    1. Hola Titi, nosotros tambien subimos a dedo con un par de camioneros pero el mejor viaje fue con vos!!

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  5. très belle cette région
    les photos (nos diamants de toute couleur)
    + 1 accueil super bon au moral pour la suite
    bises f

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  6. Nous aussi on sent l'eau partout !
    Et on fait plus que la sentir, et puis on n'a pas ces couleurs luxuriantes, c'est gris mouillé ...
    Venez donc vous rendre compte.
    Toujours magique votre blog.
    Bizzz

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    1. Désolé pour la pluie mais t'inquiétes mam je te raménerai du soleil!!!!

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  7. bon anniversaire MAX
    avec 1 journée retard ça passe !
    depuis début janvier traverser la mer pour revenir
    avec les tempêtes mieux qu'un tobogan
    bises

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