lundi 20 janvier 2014

Diamantina et l´année du retour

Dans son recueil de poèmes sur la petite ville de Diamantina, Celso Carvalho le dit bien : qui se promène dans les rues de Diamantina est amené un jour à y revenir, irrémédiablement attiré par le charme de ses rues. Et c´est ce qui nous est arrivé. La joie de vivre de ses habitants, la tranquilité du village, l'équipe de choc du Diamantina Hostal et la beauté des paysages environnants auront eu raison de nous. Nous voilà pris au piège de ce lieu enchanteur et en bonne compagnie pour passer les fêtes.


Faute de plan logement gratuit, nous débarquons de la Estrada Real dégoulinants de pluie au Diamantina Hostal, résolus à y rester le moins de temps possible histoire de ne pas y laisser toutes nos économies. Mais c'était sans compter sur Rita, la patronne qui nous accueille comme ses propres enfants et nous invite à passer Noël avec l'équipe de l'hôtel.


Rita? Un petit air de Maïté avec le coeur de mère Theresa 
L'équipe de l'hôtel au grand complet : Claudio le garimpo, Eder le matador, Geralda la soeur de Rita, Serma la travailleuse et Nilson le blagueur. On commence par une bonne cachaça pour organiser le travail?

Nous y rencontrons également Daniel, l'argentin, qui fait partie de l'équipe depuis maintenant 3 mois. Il s'est installé dans la cave de l'hôtel et effectue quelques menus travaux en échange du gîte et du couvert. Nulle-part ailleurs il n'a trouvé d'endroit plus paisible qu'à Diamantina. Comment le décrire? Bricoleur de toute heure, voyageur au grand cœur, c'est un ethnologue dans l'âme : il aime observer les gens. C'est derrière l'objectif de son appareil photo qu'il a trouvé la meilleure manière de s'adonner à sa passion. Il immortalise les passants en noir et blanc avec son vieil appareil d'époque et révèle directement les portraits réalisés dans la rue grâce au mini-laboratoire qui fait partie intégrante de l'appareil.


Attention le ptit oiseau va sortir...

Nous faisons également la connaissance de Samira, étudiante à l'humour agréable qui nous invite dans sa collocation et que nous remercierons en cuisinant une quiche au poivrons et de la mousse au chocolat.

Ben oui, ça change un peu du arroz-feijao quand même!

Tous ces gens rencontrés en si peu de temps nous donnent envie de les connaitre d'avantage. Oui mais voilà, nous avions prévu de passer Noël à Montes Claros et nous sommes déjà le 21...
Après 2 ans de voyage, nous avons toujours du mal à changer nos plans et à se laisser aller au fil des rencontres.

C'est donc à contre-coeur que nous repartons de Diamantina, à reculons que nous montons dans un 1er camion-stop direction Montes-Claros et à grands regrets que nous restons bloqués dans une station-essence à mi-chemin entre les 2 villes...

Et pour clôturer le tout, l'orage éclate. Nous sommes le 22 Décembre et au lieu de préparer les festivités, nous voilà coincés dans une station-essence avec la sensation d'être passés à côté d'une belle aventure humaine.

Fatigués de peser le pour et le contre, nous nous remettons au main du destin : nous monterons dans le 1er camion qui veuille bien nous embarquer quelque soit sa destination.

Et comme pour nous confirmer notre erreur, le camion en question nous ramène illico-presto à Diamantina.


Nous retrouvons Samira qui nous réserve le même accueil, Daniel qui semblait déjà savoir que nous allions revenir et Rita qui accepte volontiers de nous offrir le gîte et le couvert en échange d'un coup de main à l'hostal.

La 1ère mission qu'elle nous propose est un véritable défi : aménager la cave pour en faire une salle de détente. La cave, sombre, poussiéreuse, aux murs noircis d'humidité et remplie de vieux sommiers n'a rien d’accueillant.

On se retrousse les manches et on se met au boulot!!

Nous vidons tout, nettoyons, recyclons planches, vieux meubles et sommiers défoncés. Dans la ferme familiale que Rita partage avec sa sœur Geralda, nous trouvons notre bonheur : tourne-disques, vinyls, livres, jeux de cartes, guitare et plantes vertes viendront égayer la salle. Et pour les murs défraîchis? Peinture, tentures, déco maison.

Carte blanche pour transformer la cave : on peut librement exercer nos talents d'"artistes" sur les murs
Un message de bienvenue pour inciter les résidents à entrer.

En 3 jours, nous parvenons à mettre un peu de lumière dans cette cave obscure et les murs résonnent maintenant du son des vieux classiques brésiliens et du grésillement caractéristique du tourne-disque qui en fait tout le charme.


Un coin zik et bibliothèque pour s'imprégner de la culture brésilienne
On inaugure le lieu avec une soirée petits fours, jeux de carte et bières


Parmi les tâches que nous confient Rita, l'une des plus agréable est certainement la confection du pain et des plats pour Noël et Jour de l'an. La renommée de la cuisine française est arrivée jusqu'ici et nous essayons d'en être à la hauteur.

Et 6 kg de pain, grosse commande pour aujourd'hui!!

On enfourne les pains tous chauds! Il ne tiendrait pas de son père celui-là??
Et voilà, bienvenus à la boulangerie les pains dans l'plat!

Plus technique, la bûche de Noël. La boulangerie fait aussi pâtisserie!

Pizzas, friands à la courge et aux épinards avec pâte feuilletée maison, cake olives-jambon, guacamole : nous en profitons pour nous faire la main, nous qui n'avons pas de cuisine depuis 2 ans et demi !

La ferme est plein d'avocatiers dont les fruits pourrissent délaissés par nos hôtes.

Rita nous charge encore d'une mission : il faudrait refaire le toit de la laverie qui s'est écroulé. Soit, la ferme familiale regorge de bambous, nous nous mettons à l'oeuvre.

D'abord, on va chercher le matériel à sa source 
Ensuite, on construit la charpente
Pour l'étanchéité, faute de moyens, on se contentera d'un plastique qui se déchire au moindre impact. Et la couverture? des cannes de bambou amarrées les unes aux autres.

D'autres volontaires viennent bientôt en renfort, encore des français (ils sont donc partout ces gaulois!); Claire et Correntin. Ils s'avèrent être de redoutables adversaires à la belote et des aventuriers de l'extrême ;-)!


Bon alors, comment on fait pour se rendre au pied de la montagne?
T'es sûr de toi Correntin? Non parcequ'il y a quand même des serpents dans le coin..
Allez les gars, ce n'est qu'un jeu : vous prendrez votre revanche de retour en France ;-)

Si la ville est un joyau, les paysages alentours en représentent l’écrin. Cascades, roches plissées, les nombreuses rides gravées dans la roche témoignent du grand âge de ces formations géologiques qui ont été façonnées il y a plusieurs millions d’années.




Les cascades gonflées par les pluies diluviennes dévalent les dalles avec un débit impressionnant.

Diamantina, c’est aussi le marché nocturne du vendredi soir avec sa cuisine typique, ses musiciens et les danseurs . Attention, ce bal populaire n’est pas juste une attraction touristique des vacances d’été, c’est une tradition , une vieille coutume qu’ont les habitants de se retrouver et de festoyer ensemble. Mais l'événement le plus pittoresque, c’est le café no Bécu; Parti d’une généreuse initiative de la part d’une habitante d’inviter ses voisins à venir boire le café à sa fenêtre pour échanger quelques potins, le café no bicu est maintenant un événement qui a lieu tous les dimanches matin. Les gens se rassemblent dans ce coin de rue et y échangent les cancans, y jouent de la musique,  y dansent, y parlent de la pluie et du beau temps.


Servez-vous, bienvenus au café no Bicu
Et oui la ptite curieuse dans le coin là, tu n'échapperas pas à l'invitation à danser!
Mais Monsieur est grand prince et après la danse, il raccompagne la dame à son partenaire

Nous en profitons pour vendre quelques douceurs : boules d'avoine-dulce de leche-coco

L'un avec sa glacière, l'autre avec son appareil-photo, vive le ptit commerce de rue!

Même si le négoce n’est pas mirobolant, c’est un bon moyen d’engager la conversation et de faire partie de cette joyeuse ambiance villageoise.


Le temps passe et nous sommes toujours là, attrapés par l’énergie qui règne ici. Nous sommes déjà le 31 et il est 17h; Rita nous réserve une ultime mission : il faut préparer une salle des fêtes pour recevoir 30 personnes ce soir. La salle commune est bien trop petite. Une seule possibilité pour autant de monde : le hangar glauque au possible. Branle-bas de combat, on se bouge!

Nappes brillantes, bougies, rideau pour couper le volume et casser l'impression de froid...

Mission accomplie et les clients de l'hôtel semblent ravis de se voir proposés un nouvel an organisé avec musique, spécialités culinaires et Caïpirinha, l'alcool national.

On peut enfin se détendre et profiter de la fête. Après tout, c'est 2014 qui commence, l'année du retour pour nous!


Après les fêtes, nous nous décidons enfin à partir et à laisser tout ce beau monde pour allez découvrir d'autres horizons, d'autres cultures.

Daniel nous offre une de ses photos à l’ancienne en guise de cadeau d’adieu. Une photo que nous conserverons précieusement et que nous ressortirons dans quelques années pour la montrer à nos petits enfants en leur racontant : tu sais, il y a bien longtemps, papi et mamie ont entrepris un long voyage…

Daniel, es el presente el mas precioso que nos podrias haber ofrecido 

Et nous tendons le pouce pour la 2ème fois. Un camion nous ramène à la même station essence où nous avions atterrit plein de remords il y a 2 semaines.
Mais cette fois-ci il fait beau et nous avons la sensation d’avoir vécu ce que nous devions vivre ici, à Diamantina. Pas d'autres camions pour continuer jusqu'à Montes-Claros, pas grave : nous sommes libres ! Nous enfourchons nos vélos pour 2 jours de voyage jusqu'à la ville.

8 commentaires:

  1. Si vous ne nous annonciez pas le retour , qui pourrait envisager la fin de ce fabuleux voyage ? quels beaux souvenirs pour vos petits-enfants mais aussi pour vos vieux parents qui s'en régalent !!! Poup§mout

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  2. Toujours autant de couleurs et magnifiques paysages ... mais ce que je préfère moi, c'est d'entendre parler de RETOUR!!!

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  3. toujours aussi passionant ce blog, merci de ce partage!!! d gros bisous et à trés bientot!
    la ptite soeur

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  4. bien réussi vos dernières fêtes de fin d'année en Amérique
    et dans une très belle région
    bon courage pour la remontée
    bisous f

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  5. Encore une fois: fabuleux !
    J'ai retenu une chose, en parlant de vos petits enfants, vous allez très loin dans l'avenir.
    Alors, vite revenez au présent, et mettez vous au travail ...
    Bizzzz

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  6. Oui maman..., on a pensé la même chose en lisant "les petits enfants"!!!! MDR!!!

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  7. ke bueno saver ke siguen adelante yo con mis años de camioneros si ke tengo historias ke contar pero ustedes son de lo mas vamos chicos fuerza me imajino el dia ke lleguen a sus casas habrazos fuerte maxi sofi -------un amigo toba

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  8. vous êtes de vrais couteaux suisses : la déco, la cuisine, les travaux!! avec les moyens du bord!! des aventuriers hors pair!!! c'est toujours un plaisir de vous suivre!!!!
    ravie que vous ayez passer les fêtes dans un lieu plin de chaleur humaine!!!!
    pour raconter votre voyage il vous faudra plusieurs tomes!!! tant de souvenirs dans vos tetes!!!! plins de bisous à vous deux!!!
    sandra

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