jeudi 19 décembre 2013

La Estrada Real

Nous quittons Rio de Janeiro par la voie royale, la Estrada Real. Tout commence ici, sur cette route qui part du cœur du Minas Gerais et qui conduit jusqu'à Rio de Janeiro : la découverte et l'exploitation de l'or et des diamants, l'afflux des pionniers portugais, des esclaves africains, la construction des 1ères villes et églises sur le modèle portugais mais déjà influencées par le brassage culturel brésilien. A l'origine entièrement pavée, il reste aujourd'hui quelques tronçons bien conservés. Nous laissons la route nous emmener à travers les magnifiques paysages du Minas Gerais, état grand comme la France, majoritairement composés de montagnes abruptes... voire très abruptes! Le chemin est parsemé de petits villages pittoresques et emprunts de l'histoire, l'époque des chercheurs d'or et des bandits de grand chemin. 

A la sortie de Rio, il n'est pas évident de trouver la voie d'accès pour la Estrada Real : les gens ici, ne connaissent pas. Nous cherchons désespérément les panneaux de signalisation caractéristiques de la Estrada Real quand nous finissons par tomber sur un pompier qui a déjà parcouru l'ancienne route et qui nous indique le moyen de la rejoindre.

La petite route pavée jalonnée des piliers symboliques gravés des initiales de la Estrada Real s'envole vers la serra, la montagne. Au col, les grappes de maison perchées sur les hauteurs bénéficient d'une vue splendide sur la baie de Rio.

Quel travail titanesque que la construction de cette longue route!
Du haut de la serra, nous apercevons encore le Christ et le Pão de Azucar à l'horizon

Les premières nuits sur la route sont plutôt rock-and-roll! Entre la secte, la posada luxueuse, le garage des transports publics et la nuit avec la douce compagnie des soûlards de la ville de Ewbank da Câmara, c'est la session des nuits les plus originales.


Une nuit dans une secte avec cérémonie jusque tard la nuit. Le gouroux règne en maître et les fidèles le saluent en lui faisant le baise-pied! Nous en réchapperons heureusement et nous endormons paisiblement au son des tambours.
Palme d'or pour le secrétariat de tourisme de Matias Barbosa qui nous offre une nuit dans une confortable posada
Nous débarquons dans l'hôtel dégoulinant de pluie. Le patron nous accueille les bras ouverts et nous offre repas et ptit dej' gargantuesque!!

La Estrada Real est loin d'être un long fleuve tranquille : ça monte, ça descend et ça recommence, d'abord sous la chaleur du soleil brésilien et ensuite sous la pluie diluvienne de la saison humide.

Sur notre route, nous croisons des petits villages à l'architecture coloniales portugaises et aux églises baroques et rococo où règne une paix et une tranquillité (à part à Ewbank da Câmara!!) rares depuis notre entrée au Brésil. Les habitants sont plus décontractés et moins méfiants.

A Inconfidência, il suffit d'aller prendre une bière au bar du coin pour partager un bon moment avec une joyeuse famille.
Le village d'Inconfidência aura eu raison de nous : ce soir, nous poserons notre tente près de l'église.

L'ancienne route pavée disparaît parfois sous le goudron et ressemble aux petites routes départementales de chez nous, peu empruntées, ombragées et bordées de paysages champêtres ou de jardins fleuris.

C'est sûr qu'on est loin des plages brésiliennes!
On pourrait presque faire croire qu'on est revenus au pays!

Sur les 900 km de la Estrada Real, plus de 600 km sont des routes en terre et en les empruntant, nous nous enfonçons plus profondément dans le cœur du pays, au plus près des habitants. Et nous y faisons de précieuses rencontres.

Les drapeaux attirent toujours l'attention et nous sommes assaillis de questions et d'exclamations enthousiastes des enfants à la sortie des classes.

En chemin, nous tombons sur une adorable famille qui commence par nous offrir du coca bien frais et qui finit par nous inviter à manger. Et comme nous refusons gentillement l'invitation, encore repus du petit dej' pantagruélique de la posada Cipriani, le père de famille offre son alliance à Max et la broche de mariée de sa femme à Soph. Devant l'insistance de la famille, nous acceptons les présents, conscients de ce que les 2 objets représentent à leur yeux. Tant de générosité nous gênerait presque. Nous leur remettons notre traditionnelle carte postale avec un mot de remerciement au dos et leur contons notre histoire, la seule chose que nous pouvons offrir.

Dans les campagnes, les gens sont pauvres mais riches d'humanité


La Estrada grimpe encore un peu plus haut et serpente dans les montagnes. Ici, c'est la région de l'agriculture, de l'élevage et de la bonne gastronomie : nous nous régalons des spécialités que nous offrent les habitants : pão de queijo (pain dont la mie contient du fromage) tout chauds, le traditionnel arroz-feijao...et bien sûr la cachaça!

Nous arrivons bientôt à Ouro Preto à 1200 m d'altitude, ville au riche patrimoine historique hérité de "l'âge d'or", classée Patrimoine Mondial de l'Unesco. Ville de la culture, elle comprend une des plus importantes université du pays. Et c'est une Républica, une maison d'étudiants, qui nous héberge cette fois-ci.


ça nous rappelle bien des souvenirs, la coloc d'étudiants! Que c'est loin tout ça!

Nous partons visiter la ville, émerveillés à chaque coin de rue par le charme des vieilles pierres et des rues pavées.




Considéré comme le nouvel Eldorado, les pionniers sortent de Ouro preto d'importantes quantité d'or destinées à la couronne portugaise. La cathédrale Dorada renferme un trésor digne des contes de fée : calices, chandeliers et reliques en or scintillent de milles feux.

La cathédrale Dorada porte bien son nom. En terme de quantité d'or, c'est la 2ème cathédrale la plus dorée du Brésil. 

Mais trop d'or attisent les convoitises et un petit groupe de pionniers, fatigués de l'appétit vorace de la Couronne portugaise qui ne cesse d'augmenter les impôts sans rien offrir en échange fomentent une révolution, l'Inconfidencia. Inspirés par la révolution française et les idées des Lumières, le groupe manigance contre la Reine du Portugal. Mais la révolution est tuée dans l’œuf et les  traîtres à la Couronne lourdement condamnés.


Dans la collection du musé de la ville, nous pouvons voir les chaînes qui entravaient les chevilles des esclaves, les coffres qui renfermaient les lingots d'or et les carrosses qui les transportait jusqu'au port par la Estrada Real.

Sûr que les caravanes devaient être sujettes à embuscades sur les 500 km à parcourir à travers la jungle!

On se délecte de déambuler nonchalamment dans la ville malgré le relief prononcé. Sur chacune des buttes ont été construites des églises. Les rues montent à l'assaut de ces monts sans se préoccuper d'attaquer les pentes en douceur. De chaque côté de ces rues pavées, les maisons multicolores ont poussé comme des champignons.


La coccinelle est la voiture par excellence : on en voit de toutes les couleurs qui gravissent les côtes en crachotant.

Coccinelles et marché des antiquités, nous sommes dans un autre siècle
Certaines scènes de rue semblent appartenir au passé

L’asphalte, les pavés et les chemins sablonneux font place à la terre rouge, ferrugineuse qui contraste avec le vert émeraude des monts. Seules quelques belles formations rocheuses, rémanences de forêt primitive ou villages colorés viennent par endroit trouer ce velours végétal.




A Morro do Pilar, c'est la fête! Nous sommes invités à boire de la bière et à danser le forró, danse traditionnelle du Nord-Est bien sensuelle!


Chaud, chaud le forró!














Le lendemain, nous sommes invités par le voisin d'en face (nous avions élu domicile dans un champs à l'entrée du village) à prendre le café da manha, le ptit dej'.
Nous nous pointons à 9h00 chez Vomir et Rosana, presque frais et présentables malgré les bières de la veilles.

Vomir et Rosana nous attendent pour un café da manha dans leur maison en construction..depuis 3 ans!

Ce couple de mineiros est tout simplement adorable : Rosana nous a préparé des œufs durs de ses poules, du café, du gâteau et de la papaye fraîche. Nous échangeons sur nos coutumes respectives, nous leur décrivons tant bien que mal comment sont les français (le parisien a t-il quelque chose à voir avec l'aveyronnais??). Ils nous parlent des mines toujours en exploitation et sources importantes de travail, des spécialités culinaires (ça, c'est un sujet qui revient toujours dans les conversations!). Bref, l'échange est simple et agréable.

On les aurait bien aidé à finir leur maison à ces 2 là!!

Le soir suivant, nous arrivons dans le hameau de Corregos et la chance nous sourit encore une fois puisqu'elle nous fait rencontrer Valdeci, un joyeux luron à la blague facile et aux yeux rieurs. Et Valdeci a de quoi être heureux; il est comblé : il a un bon travail à la mine dont il vante les démarches mises en oeuvre pour minimiser l'impact environnemental, il a retrouvé son amour d'enfance il y a 2 ans avec qui il s'est marié et a eu un bébé, il a une belle maison et fait pousser ses légumes. Bref, la définition qu'on se fait généralement du bonheur!

ça commence par du jus d'orange, puis des biscuits apéros, de la cachaça et ça finit par une invitation à manger : Bienvenus chez Valdeci!

Son père est un alchimiste et fabrique la meilleure cachaça du pays aux arômes de fruits. Valdeci nous en fait goûter quelques échantillons qui nous réchauffent les entrailles et nous invite à partager la bonne soupe aux légumes de sa femme.

La plus belle collection de cachaça du Brésil, c'est un véritable musée ici!
Et une bonne soupelette bien appréciable quand il pleut dehors

Après avoir partagé un moment bien paisible dans cette petite famille, nous connaissons l'enfer le lendemain : certainement l'étape la plus difficile avec ses pentes délirantes et la pluie qui n'arrête pas de tomber formant des torrents sur les chemins de terre.

Les nuages nous refusent la vue sur la vallée, une récompense qu'on aurait bien méritée après une montée infernale


Heureusement Diamantina n'est pas loin, on va pouvoir sécher et se reposer. Et c'est à contre-coeur pour Max et avec soulagement pour Soph, que nous zappons la dernière étape de la Estrada Real pour prendre la départementale goudronnée qui nous permet de rejoindre rapidement le commencement de la Estrada Real et l'une des plus belles villes du trajet : Diamantina. Classée Patrimoine mondial de l'UNESCO au même titre qu'Ouro Preto, elle l'égalise largement en beauté architecturale.

La ville tient son nom de l'extraction de diamants au 18-19°s.


Mais le plus beau joyau qu'il reste de cette époque, c'est la ville en elle-même.

Les pavés sont plus grossiers qu'à Ouro preto mais les rues toutes aussi charmantes
Les balcons sont finement ouvragés en fer forgé
Des petits bijoux architecturaux sont encore bien conservés comme ce pont habité
Des 10aines de clochets colorés surplombent la ville et égrennent joyeusement leur son de cloches


Et comme tout le monde, nous nous apprêtons à fêter Noël ...mais où ? La question reste en suspens, suite au prochain épisode!


En tous cas on pensera à vous et on vous souhaite d'avance un joyeux Noël!!!

20 commentaires:

  1. encore de fantastiques photos et un rédactionnel digne, par moments, des plus grands écrivains: serait-ce la suite de l'aventure ?Joyeux Noel et bonne année¨du Forest de Crots (brousse Alpine)

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  2. Y a intérêt que le prochain Noel soit en famille!!!
    Des bisous et joyeux Noel à tous les deux!! Nous mangerons une part de bûche en plus en votre honneur!!

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  3. J’espère aussi qu'on sera là pour Noël prochain!!!
    On va faire une bûche de Noël nous aussi ici à Hostal Diamantina où on va rester pour Noël!!! (Bcp de pluie ici, c'est un peu comme un hiver avec de la pluie!!!)
    On mangera donc une part de bûche pour vous aussi!!!
    Gros bisous et joyeux Noël!!

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  4. Joyeux NOEL les enfants...
    On pense bien à vous, le cadeau vous attend à la maison... avant l'année prochaine... peut-être... on espère... Bisous++++++

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    1. Joyeux Noël!! Pas mal l'idée du cadeau qui nous attend à la maison pour nous appâter! Mais oui, on revient en 2014, c'est sûr! Bisous!!

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  5. joyeux noël brésilien et bon 1er de l'an
    toujours superbe les paysages
    bisous à 2014 ????????????
    fred

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  6. Noyeux joêl à vous deux
    à bientôt
    Patrick

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    1. Un noyeux joël à toi aussi Patoche et gros bisous!!!

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  7. hola hola feliz navidad chicos brindo x ustedes locos aventureros mis saludos un hamigo titi

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    1. Feliz navidad Titi gracias por seguir nuestra aventura de tan cerca!!!!

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  8. hola hola feliz año chicos bien venido 2014 creo ke pasaron de lo mejor yo brindo x ustedes locos aventureros saludos habrazo titi

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  9. Feliz año 2014 Titi a tu y a tu família; el loco eres tu de seguir tanto nuestra historia!!!!
    Sigues asi hasta que regresamos este ano esperamos a Francia en Julio!!!

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  10. joyeux noel les loulous et bonne annee. Que du bonheur de vous lire et bientot je l espere de vous entendre coñpter ce fabuleux voyage.
    chapeau au redacteur, rythme photos fort a propos... c clair qui aurait moyen d en faire un tres chouette carnet de voyage si le coeur vous en dit....
    bises et a bientot sur marseille !
    PS: fini valence pour bibi g trouve un taf a marseille... si vous etes motives pour faire de la planche a voile, zetes les bienvenus
    me casa es tu casa, meme si g pas encore de maison...

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    1. Merci l'ami pour ces nouvelles!
      On est un peu triste que tu quittes Valence et le chalet avant qu'on revienne mais en même temps on aura un piedà terre à Marseille et on viendra te voir l'ami!!!
      Gros bisous et courage pour le boulot!
      La bise au chalet aussi!

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  11. loco yo noooo jajaja todo el tiempo me acuerdo de ustedes si recuerdo ke me pediste ke si los llevava me sevarias mate todo el camino al contrario dormiste todo el camino fue maxi el buen compañero de los mates les deceo a los dos un buen regreso a casa solo espero saver siempre de ustedes un amigo titi

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    1. Gracias Titi por tu ayuda y tu compania en este viaje y en este blog!!!
      Ya hicimos otro dedo con camion pero sin mate!!!!
      Un fuerte abraso

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  12. Irmâos! Boa vida, boa viagem! :)

    Onde é que vocés estam?

    Nós no Camboriú, façendo um poco de permacultura no sítio de uma menina, compartilhando com uma hermosa pessoa.
    Agora indo pro norte, á São Francisco do Sul.

    Ainda estão com vontades de pegar carona de velero no Recife?

    Queremos preguntar á vocés que estrada fizeram quando chegaram á São Paulo, para ir atras de vocés pedalando suas marcas! :)

    Los abrazamos con un amor terrible!

    Santi y Gi (en portunhol :)

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    1. Oi irmãos!!!
      Como vão ?? A gente esta em a Chapada de diamantina agora. É um lugar maravilhoso, vocês tem que passar por aqui!!! A gente não entrou em São Paulo, demais grande cidade. De Santos, pegamos a costa verde até Rio passando por Paraty que é um povo bem legal é ideal para vender bolinhos de coco!! Depois, de Rio pegamos a estrada real que é bem física mais que passa por povos todo de pedra é com lindas pessoas. Vocês podem pegar a estrada real de Paraty também (http://www.estradareal.tur.br/caminho-diamantes).
      Asi, chegamos até Diamantina que adoramos. E possible ver com hostal diamantina para trabalhar trocando trabalho contra alojamento é comida (ver ultimo post).
      De lá, fomos até Montes Claros de bike é depois, pegamos carona até Victoria da conquista. São 5 dias de bike para juntar a chapada de diamantina. Vão a ficar em este lugar para sempre amigos!!! Espero que as informações vao a ser utiles para vocês! Les amamos mucho! Sorte é que les vaya muy bien!! Se precisam outras coisas a longo de seu viaje, a gente esta sempre disponível para ajudar a vocês!

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  13. http://resistencialibertaria.blogspot.com.br/

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