mercredi 18 septembre 2013

Hasta la vista Cordillera

La reprise n'est pas évidente : les muscles ont fondus et il faut trimbaler les 10 kg supplémentaires que nous avons pris en 4 mois d'arrêt. Nous quittons à jamais la cordillère des Andes, notre fidèle compagne depuis le début de notre périple en vélo : une page se tourne...Avant de se séparer de la plus grande chaîne de montagnes du monde, nous en parcourons quelques-uns des plus beaux sites : la ruta de los 7 lagos qui serpente entre les lacs naturels et la ruta del Pehuén bordée d'arbres millénaires endémiques de la zone. Nous nous éloignons des montagnes à toute vitesse, recourant au camion-stop dès que les conditions sont trop contraignantes pour être au rendez-vous avec la famille à Cordoba. Nous zappons les trajets sans intérêt pour prendre le temps de profiter des gens que nous rencontrons sur la route. Après tout, le stop est un moyen de transport qui ne va pas complètement à l´encontre de notre projet de voyager sans combustible...

C'est la rentrée du vélo : nous arrivons tout juste à boucler les 100 km qui séparent Bariloche de Villa Angostura. Après avoir vérifié que les freins ne touchent pas et qu'aucune sangle n'entrave les rayons, il faut se rendre à l'évidence : on n'a plus le physique! Il faut dire que pour un jour de rentrée, les conditions ne sont pas des plus sympathiques : pluie, vent, froid...
Heureusement, à Villa Angostura nous attend la douillette maison d'Ana qui nous aura fait profiter de ses 3 magnifiques propriétés. Les clés sont sous le paillasson, nous n'avons plus qu'à entrer!

Après Piedra Parada et La Paciencia, voilà le 3ème nid douillet d'Ana : merci à notre sorcière bien aimée!

La route des 7 lacs est une des plus belle du pays avec ses réserves d'eau douce naturelles qui reflètent les pics enneigés de la cordillère;





Nous décidons de repousser nos adieux à la Cordillère en empruntant la route del Pehuen qui nous emmène jusqu'aux cols enneigés. Le Pehuen, l'arbre sacré des indiens Mapuche semble chatouiller le ciel de ses épines élégantes. Ces arbres uniques au monde rendent les paysages magiques, ensorceleurs. Nos vélos se transforment en machines à remonter le temps : nous évoluons dans des paysages du passé, à l'époque des dinosaures.

Le Pehuen, l'arbre roi de cette zone reculée de la Cordillère
Où sont-ils les diplodocus et les tricératops?


















Nous nous enfonçons au fin fond de la Cordillère en gravissant les côtes. Mais au fait, les routes sont-elles ouvertes en plein hivers? Tout juste nous répond-on : la DEE argentine a dégagé la voie hier! Nous avons échappé belle : il nous aurait fallut redescendre de la montagne et faire un gros détour pour continuer. Merci la DEE! Nous passerons la nuit dans leur local à l'abri, nous évitant ainsi de monter la tente dans la neige.

La voie est libre, roulez messieurs dames.

L'avantage, c'est que nous ne croisons quasiment personne.

La descente nous renvoie au présent dans un saut spacio-temporel : nous revenons dans les paysages désertiques de l'Argentine en battant notre record de vitesse, 71 km/h!
Pour passer la nuit, nous tapons à la bonne porte : la famille Lavalle nous accueille chaleureusement dans sa ferme et nous propose généreusement une douche chaude et du mote-au-lait (grains de blé). Nous repartons de leur charmante propriété chargés de 2 pots de miel de leur fabrication.

Veillée agréable autour de la table à refaire le monde
La famille La Valle au grand complet. Gracias para su calida hospitalidad!

Pablo et Claudia Lavalle nous mettent au courant du projet de mégamineria qui menace le village de Longopué à quelques kilomètres de chez eux. Les habitants ont voté NON à l'installation de l'industrie chinoise Mineras SA qui prévoyait l'ouverture d'une mine géante à ciel ouvert pour l'extraction du cuivre. Il ne veulent pas se retrouver dans la même situation que les milliers d'habitants de la province du Neuquén qui se sont vus offrir des services ridicules (clôtures neuves pour le bétail, somme dérisoire pour le droit de passage sur leurs terres...) en échange de l'empoissonnement de leur terre et de leurs cours d'eau. Ils sont maintenant condamnés à acheter de l'eau minérale en bidon non seulement pour boire mais aussi pour se laver afin d'éviter le développement de cancers et autres maladies dûes aux produits chimiques nécessaires à l'extraction. Et la plupart n'en n'ont pas les moyens.

L'Argentine autorise à tour de bras les projets de mégamineria pour l'extraction de pétrole et minéraux au détriment des communautés indigènes Mapuche qui vivent sur les terres pétrolifères.

Pour les habitants de Longopué, la vie n'a pas de prix. No a la megamineria et Si a la vida!

Le moment de quitter la Cordillère approche et, comme pour nous retenir, elle essaye de nous charmer en nous présentant ses plus beaux atours : ses paysages d'une beauté brute, sa faune sauvage, la gentillesse de ses habitants, nous sommes tentés de nous attarder encore un peu.

Les chevaux ici n´ont pas d´enclôts : ils vont et viennent librement.
Assis au bord du précipice pour une pause maté, nous assistons à un magnifique spectacle de vol de condors qui viennent nous frôler de l'extrémité de leurs ailes.

Les gendarmes du petit village d'El Huecu ne nous laisserons pas dormir dehors par ce froid : ils nous donnent les clefs du Guincho (salle des fêtes) chauffé et équipé d'une cuisine. A Chos Malal, la joie de vivre des habitants est palpable et le printemps pointe le bout de son nez : les arbres se parent de fleurs roses et la température agréable. Les gens s'arrêtent pour nous faire la bise dans la rue et nous demander si nous avons besoin d'aide.
Les pompiers nous réservent un immense local avec douche et gaz pour passer la nuit. A Buta Ranquil, les habitants nous proposent une salle du gymnase, douche, matelas, gaz...Trop facile le voyage dans ces conditions!

Dernier coup d’œil aux majestueuses montagnes et volcans... 
...avant de leur tourner définitivement le dos et de mettre le cap vers l'Est.

Malgré tous ses efforts pour nous séduire, la Cordillère n'aura pas réussit à nous retenir. C'est alors qu'elle emploie la force : un vent violent chargé de poussières se lève et nous fouette le visage en rendant la progression difficile. Il reste 450 km jusqu'à San Rafael ou Sab, copine aveyronnaise du cru, nous attend déjà. Quelle solution mise à part pédaler en marche forcée et se flamber les genoux? Le camion-stop! Nous tentons notre chance malgré l'absence totale de trafic sur la route.

Et bingo! Le 2ème camion de la matinée nous emmènera à destination en 5 heures de trajet. Vu les conditions climatiques et l'état de la route, nous aurions certainement mis une bonne semaine à arriver.

Echange transport contre histoires et maté!
Bon, vaut mieux bien choisir son camion parce que la route est mauvaise et celui-là n'aura pas eu de chance. Heureusement, nous constaterons plus de dégâts matériels qu'humain!

A San Rafael, nous retrouvons Sab en Argentine depuis 3 mois entre voyage et volontariat humanitaire. Et bien sûr, notre culture française encore bien ancrée en nous, c'est l'occasion de cuisiner des bons petits plats et de faire un tour des caves pour choisir le vin qui les accompagnera.

L'Aveyron en force! Et l'accent repart de plus belle!
Dis donc,on n´a pas des matelas aussi beaux dans notre refuge de SDF!
Sab au pays des merveilles!!
Tapenade, pain, vin blanc et un ptit bout d'Aveyron avec nous, que demander de plus?

C'est encore en camion-stop que nous rejoindrons San Luis, évitant les 120 km de ligne droite dans le désert et sous la chaleur écrasante.

Les 2 heures de stop seront vite passées en compagnie d'Enrique : gracias, tché!

Il fait déjà nuit quand Enrique nous dépose aux environs de la ville. Nous traversons San Luis à la lumière des lampadaires pour nous rendre chez notre couch, Krys qui nous accueille dans sa modeste maison.

Gracias Krys! De un huesped virgen, te volviste en un couch experimentada con nosotros 3!
Milki, brésilien, jongleur et fédérateur du groupe international de joyeux lurons de San Luis nous convie à une soirée festive.
Brésilien, colombienne, américain, cubain, argentins, vive le meltingpot!
La température explose : 38°C et nous sommes encore en plein hivers! Il règne une atmosphère d'apocalypse : le ciel est gris-orangé, chargé de sable et de cendres des incendies qui ravagent les alentours de la ville et la cordillère de Córdoba. Colombiens, brésiliens, cubains se complaisent dans cet air brûlant tandis que nous sommes assommés de chaleur. Mais le jour de notre départ, tout revient dans l´ordre : la température chute drastiquement et une pluie fine nous accompagne. Fini l´été la chaleur et la fête, bonjour le froid et la neige...


Vale la colombienne nous prépare un solide p'tit déj le matin du départ : gracias hermana!
Heureusement, chaque soir nous nous adressons directement aux bonnes personnes pour demander un abri pour la nuit.
Un agent de la municipalité de La Carolina nous ouvre la porte de la station de traitement d´eau potable : encore une nouvelle expérience!
Le boulanger de San Martin, en plus de faire un excellent pain, nous invite à passer la nuit chez lui : la boulangerie El Magnificat de Facundo deviendra-t-elle aussi connue que celle de Tolhuin dans le monde des voyageurs?
Nous arrivons bientôt au pied de la cordillère de Córdoba où nous reviendrons dans une semaine accompagnés de la famille. A Villa la Rosas, nous nous rendons chez les pompiers pour leur demander le gîte. Mais dans la caserne, c'est le branle-bas de combat, la guerre contre les flammes : 40 000 ha sont déjà partis en fumée, plus de 500 personnes ont été déplacées et 4 personnes sont mortes en essayant de sauver leur maison.

Ezequiel, un pompier volontaire, nous invite à dormir chez lui et nous nous retrouvons attablés devant une bonne pinte de chocolatada (chocolat au lait).

Un argentin qui préfère le chocolat-au-lait au maté, c'est du jamais vu!

La Cordillère de Córdoba n'a rien a voir avec celle des Andes mais il nous faut quand même grimper 1400m de dénivelés jusqu'au col de Alta Cumbre (2200m). Et nous ne sommes pas les seuls à arpenter la petite route en balcon qui monte à l’assaut de la montagne : les milliers de bons chrétiens qui sont venus de toute l'Argentine pour assister à la béatification du curé d'un minuscule village du coin nous accompagnent. Par dessus tout, un brouillard épais et gelé s'installe, affectant la visibilité des conducteurs et la nôtre!

Avis aux conducteurs : 2 cyclistes suicidaires se dirigent en direction de Córdoba!

Mais où allons-nous dormir cette nuit? Le peu de lumière naturelle qui nous parvient commence à décliner et il fait un froid glacial : vite, il faut trouver quelque chose!

Nous sommes presque arrivés au col quand nous distinguons une forme à l'horizon : une maison peut-être ? En s'approchant, nous voyons qu'il s'agit d'un bus abandonné. Nous y établissons notre campement pour la nuit.

Mode survie pour passer une nuit gelée. Et le lendemain, surprise : il neige!
Quand nous repartons au petit matin, les vélos sont gelés, les freins et le dérailleur sont bloqués par la glace : impossible de changer de vitesse et nous avons de la peine à freiner. Bref les conditions idéales pour attaquer la descente!

Folklorique, l'arrivée à Córdoba!
C'est transis de froid que nous demandons asile dans un resto miraculeusement ouvert pour se réchauffer et prendre un maté brûlant. Tandis que nos pieds et mains décongèlent doucement, 2 journalistes débarquent avec un micro et une caméra. Ils lancent à la ronde dans le resto vide : où sont-ils les cyclistes fous?

Et en nous repérant : "La route est fermée et les seules personnes que nous croisons sur 100 bornes, c'est 2 cyclistes qui pédalent sous la neige : vous êtes tarés ou simplement inconscients?"

Les yeux bouffis de sommeil, nous leur racontons toute l'histoire devant la caméra avant de repartir en mettant le cap sur Córdoba, à peine à 50 km de là. Voir reportage dans l´onglet "interview".

13 commentaires:

  1. Quel beau chemin parcouru :-). Vous nous faîtes réver tous les jours avec vos photos magnifiques et votre carnet de voyage superbe. Quelle belle invitation au voyage. Bravo à vous deux. Bon vent :-). Fanny et Rachel (deux ADILéennes;-))

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    1. Merci les filles d´être si assidues! Je vous embrasse bien fort! Bise aux aliséens.

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  2. Bientôt les parents vont débouler.... Je commence à regretter de pas avoir acheter un billet et tout laisser tombé pour 2 semaines de retrouvaille!!! Mais l'aurais je fait? Noémie elle dit que oui elle l'aurait bien fait. Bref, laissons les parents venir et nous rapporter leurs souvenirs et leurs émotions!
    Bisous.
    Delphine.

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    1. Hey oui vous auriez du venir!!!!!!!!!!!
      Ça aurait été génial!!!!
      Plus que 3 jours et les parents débarquent ça va être fort en émotions!! On te racontera tout ça et puis il y aura pas mal de photos je pense!!!!
      Ici á Cordoba on les attend de pied ferme, tout est prêt et bien huilé!!!
      Sœurette, Noémie je vous embrasse très fort.

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  3. superbes photos pourl'adieu à la cordillière
    et maintenant impatient de voir la famille
    bonne remontée
    bi...........et gdes joies au retrouvailles
    fred

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  4. Chaud devant les potos ! A disfrutar de la familia !
    Des gros bisous et plein de chaleur pour affronter les routes enneigées !
    Marine

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  5. Pouah c'est toujours aussi beau ... Bon ça suffit maintenant, vous rentrez ! Gros bisous les poulets ... A très vite.
    Bisous
    Delphine

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  6. une pensée pour les parents qui approchent du départ!! Cette fois ci avec peut être moins d'excitation....

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  7. Joyeux Anniversaire, Sophie, de la part des Picard marseillais. Mamy, que j'ai vu hier, se joint à nous.
    Gros bisous.

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  8. Merci!!!! J´ai pu fêter ma trentaine avec les parents et c´était un beau cadeau d´anniversaire! La carte avec les photos de toute la famille et la lettre de mamie m´ont fait énormément plaisir.
    Gros bisous à tout le monde!!

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  9. avec quelques jours de retard GROSSES BISES d'anniversaire
    sophie pour 30 ans sur cette vieille terre
    et bonne remonter au brésil
    fred

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    1. Merci tonton!!! Après l´anniv, le voyage continue et nous repartons demain direction le Brésil, les plages et la musique!

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  10. q hermoso fue conocerlos....los poquitos dias q estuvieron en ksa,, fueron muy ricos...es increible lo q la gente puede enseñar..y aprender en tan poco tiempo..VIVA LA DIVERSIDAD CULTURAL...Gracias!!..e boa sorte em sua volta...krys

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