mercredi 8 mai 2013

Bye bye Patagonia - Carnet de voyage

Oups, voilà plus d’un mois que nous vous avons laissés sans nouvelles! Que ça va être dur de résumer ces derniers 30 jours! Pour nous faire pardonner, voici un nouvel article qui s’apparente plus à un carnet de voyage, plus détaillé et complet (donc plus long à lire, désolés les flemmards!). Un mois, soit 30 jours, c’est le temps qu’il nous faudra pour quitter la Patagonie. Cette région, capricieuse, nous en aura fait voir de toutes les couleurs : un jour, paisible et silencieuse, le lendemain violente et furieuse… Nous nous habituons à ses sautes d’humeur et profitons d’être dans cette merveilleuse région unique au monde.


JOUR 1 : Nous enfourchons nos destriers flambants neufs, indifférents au vent qui souffle dans le mauvais sens : plus de grincements, plus de chaine qui saute, nous avons l’impression de pédaler dans du beurre. Les suspensions toutes neuves amortissent la tôle ondulée du chemin de terre. Quel plaisir de pédaler dans ces conditions!! Nous filons et semons Matt. Nous ne nous arrêterons que pour accepter l’invitation d’une famille française en camping-car à prendre l’apéro. Matt nous trouve bières à la main, cacahuètes au bec en compagnie de cette famille de voyageurs dans cette zone déserte.  La pluie qui nous suivait depuis un moment nous rattrape alors et nous prenons congé de nos hôtes. Il nous faut trouver un lieu abrité pour la nuit. Nous dormirons dans la salle des fêtes de Rio verde, un village constitué uniquement de bâtiments publics. Les habitants sont tous des employés municipaux!




JOUR 2: Le vent forcit et nous l’avons de côté, la pluie s’abat sur nous par vagues successives et nous cingle le visage. Trempés, nous nous abritons tant bien que mal dans un arrêt de bus pour manger. Le soir, nous trouvons refuge dans une maison abandonnée. Matt est resté en arrière et il fait déjà nuit quand nous le voyons arriver, la frontale allumée, exténué. Il n’y a que très peu d’abri sur cette route et il est quasiment impossible de monter la tente avec ce vent. C’est avec soulagement qu’il nous rejoint, se prépare une tambouille vite fait et s’écroule sur le matelas qu’on lui avait préparé.

Mon secret contre les mains trempées? les gants de vaisselles latex!
Heureusement qu'il y a les abri-bus pour se protéger du vent...
Enfin, dans cet état, ça ne sert pas à grand chose...
Cherche maison abandonnée pour la nuit, lumineuse, orientée Sud, bon état.
  
JOUR 3 : Le vent souffle toujours. Nous croisons sur la route un voyageur à pied qui transporte “sa maison” dans une carriole depuis les Etats-Unis. Il nous raconte qu’avant la carriole, il voyageait avec un âne qui est mort d’une piqûre de serpent en Amazonie.  Matt nous rattrape alors que nous discutons avec ce voyageur au long cours.
L’heure du pic-nique arrive et un dilemme se pose : Matt n’a déjà plus de provisions et se nourrit de quelques galettes tartinées de lait concentré. La 1ère réaction, c'est l'énervement : comment peut-on prévoir si peu de nourriture pour une durée de voyage tant incertaine avec un vent de face?? Et si nous avions mis une journée supplémentaire, comment aurait-il fait? Nous avons juste la quantité de nourriture nécessaire pour le voyage : il faut chaque fois trouver un compromis entre un poids minimum à charger dans les sacoches et la quantité suffisante pour tenir jusqu’au prochain approvisionnement.

Et le trèfle, t'à déjà essayé? Il parait que c'est plein de protéines!

Mais qu'est-ce-qu'il nous arrive! Comment peut-on être aussi radins alors que nous avons tant reçu tout au long de notre voyage! On s'empresse de lui préparer un bon sandwich maquereau, poivrons et coriandre. La prochaine fois, ce geste devrait être un réflexe et non pas le produit d'une réflexion. Heureusement pour les radins que nous sommes, nous n'aurons pas à partager le reste de la nourriture : nous arrivons le soir même sur Puerto Natales. Nous nous présentons à 5 chez les pompiers de la ville : au passage nous avons récupéré Dimitri, un cycliste russe.

Allez, sans rancunes, Matt, on va te montrer comment on fait les courses, nous, les voraces

JOUR 4 : Avant de prendre la direction du Parc National de Torres del Paine, nous réalisons une opération financière intéressante : le changement de pesos argentinos en pesos chilenos qui nous fait gagner l’équivalent de 200 euros. Nous repartons du fric plein les poches et chargés de 10 jours de provisions. A la tombée de la nuit, un refuge semble nous attendre sur le bord de la route.

Sur la route qui mène à la frontière, un refuge de contrebandiers…

JOUR 5 : Nous arrivons dans la matinée à Cerro Castillo. Nous arrivons à convaincre les Carabineros (gendarmes chiliens) de garder nos sacoches le temps de l’"expédition". Nous parcourons les 60 kms de chemin de terre qui mènent à l’entrée du Parc et posons la tente à 2 km du “péage”.  Le massif de montagne le plus connu du Chili  se cache sous les nuages, comme pour ménager l’effet de surprise.


JOUR 6 : Levés 5 heures. Nous nous préparons dans la nuit et le froid sans un bruit, avalons notre bol d’avoine et plions bagages. Il est 6h15 quand nous passons devant la maison du garde parc. La lumière est allumée mais il n’y a personne dehors, nous pédalons sans respirer…Ouf, nous sommes passés, ça y est, nous voilà dans le parc. Soudain, un moteur, une voiture arrive derrière nous, que fait-on? On se cache?? Non, on lui adresse un signe de la main. Elle nous dépasse sans s’arrêter…Nous continuons. Nous laissons les vélos attachés sur le parking du refuge et commençons le tour de las Torres : une semaine de marche dans un cadre enchanteur, un concentré des plus beaux paysages de Patagonie.


Le soir, nous arrivons à  19h au lac Dickson, après 1 heure de vélo et 9 h de marche, les épaules en feu et les hanches douloureuses. Le spectacle en vaut la chandelle et nous profitons des derniers rayons du soleil pour admirer le paysage.


JOUR 7 :

Le soleil se lève avec nous et effleure les sommets de ses rayons rosés.

Nous nous mettons en marche pour le col "del viento" qui devrait nous offrir un bon point de vue sur le "Campo de Hielo Sur" (banquise de glace sud). Nous évoluons dans une forêt de lengas dont les feuilles vont rougissant au fur et à mesure de l’ascension.



Au col, le "Campo de Hielo Sur" nous apparait, colossal. Nous sommes plongés dans les confins de l'histoire, à l’époque des grandes glaciations. La couche de glace dépasse par endroit les 1000 m d'épaisseur, elle enveloppe les sommets, engloutit les vallées. Des glaciers qui se jettent dans d’autres glaciers, incroyable!

Bienvenue aux portes du "Campo de Hielo Sur". Plus loin, c'est le blanc sidéral. 




JOUR 8 : Le sentier surplombe le glacier Grey et nous longeons la langue de glace sans nous lasser du spectacle. Nous avons l'impression d'assister à la digestion d'un énorme organisme : nous apercevons ses crevasses bleutées, entendons les rivières sous-terraines et les craquements sourds.

Le glacier Grey, énorme langue de glace hérissée de papilles...Brrr!
Cela fait maintenant 5 jours que nous n’avons pas pris de douche et l’hygiène devient une question prioritaire : ce soir, nous payerons le camping pour profiter de la douche chaude. 15 euros la douche, soit! Les feuilles colorées font place à une forêt de troncs calcinés. Plus de 17 ha sont partis en fumée à cause d’un touriste trop consciencieux qui pensait bien faire en brulant son PQ. Sauf qu’ici, quand il y a des vents à 100 km/h, c’est la catastrophe.

Du camping, vue plutôt sympathique sur le massif de "Las Cuernas"


JOUR 9 : Exploration de la vallée française.

La forêt de lingas rouges, le glacier "Francés" et le cirque rocheux qui clôture la vallée font de la randonnée un des plus beaux parcours du Parc.


Pile...
ou face!
L'horizontalité des branches et la forme des feuilles donnent au paysage un air de peinture japonaise

JOUR 10 : Le temps se gâte. Objectif : le camp de base de "Las Torres del Paine".
Nous arrivons au camp dans les nuages. Nous décidons d’écouler notre stock de nourriture au campement de base en attendant une éclaircie pour monter au pied des Tours, soit une demi heure de marche. Nous sommes en avance sur le planning et pouvons tenir 2 jours de siège.


JOUR 11: Malgré le mauvais temps, nous décidons de nous rendre au pied des Tours et d’attendre le miracle : le rideau va t-il se lever?  Après 1 h d'attente au bord du lac, la grêle s'allie au vent et nous nous résolvons à redescendre à la tente, bredouilles. Le froid et l’humidité nous assaillent. C’est décidé, quoi qu’il arrive, demain, nous abandonnons le siège.
Enfin, dans l’après-midi, le miracle a lieu : les Tours daignent se montrer. Ouf, on a faillit partir sans voir les 3 majestueux pics granitiques qui ont donné leur nom au Parc!

Les Torres, saupoudrées de neige fraiche
JOUR 12 : En nous réveillant ce matin, le bruit de la pluie nous parvient étouffé. Ou alors...non, ce n’est pas la pluie, c’est la neige!!! Nous redescendons de notre perchoir sous les flocons, l’hiver arrive à grand pas! Vite fuyons!

Notre 1er véritable hivers depuis 2 ans!!
Les vélos nous attendent sagement là où nous les avions laissé et nous quittons le parc sans se faire interpeler par le garde-parc. Nous apprendrons plus tard que Matt, ce même jour, chute dans un glissement de terrain de l'autre côté du parc, sur le sentier du glacier Grey. Il s'en sort avec quelques blessures et une bonne frousse. Il dénonce les moyens inexistants du parc en cas d’accident. Le prix élevé de l’entrée ne garantit donc pas la sécurité des randonneurs. En plus ils font payer les campings en supplément et une fortune! Heureusement qu’on ne leur a rien donné à ces voleurs!

Le lieu du drame : le lit d'un torrent qui triple de volume en cas de pluie. Ce n'est pas la vieille corde qu'ils ont installé qui va nous permettre de sortir du ravin en cas de crue! 

A Cerro Castillo, nous récupérons nos affaires chez les Carabineros et nous mettons en quête d’un abri pour la nuit. Le vent est glacial et nous envoi des bourrasques gelées comme pour nous mettre la pression. Personne ne nous aide : ni les Carabineros, ni les pompiers, ni la municipalité. Pas moyen de mettre la tente ce soir. Nous nous contenterons des minuscules toilettes publiques. Ce soir, c’est occupé!


JOUR 13 : Nous nous faisons chasser du Chili coup de vent au derrière.  Le moindre petit changement de direction est fatal, le vent s’empêtre dans les rayons freinant notre course et nous roulons inclinés à  45° pour contrer les rafales. La grêle nous rattrape et, malgré nos efforts pour fuir, nous n’échappons pas à la rossée qui nous fouette le visage. Fabian, gardien du poste de viabilité nous recueille comme des naufragés après la tempête. Il nous offre un plat de poulet rôti et pommes de terre alors que nous nous réchauffons auprès du poêle.

Après l’effort, le réconfort; Heureusement qu’il y a Fabian!
Nous changeons notre trajectoire de départ et, au lieu de couper par le chemin de terre, nous  décidons de nous laisser pousser par le vent, quitte à faire un détour d’une centaine de bornes. On ne contrarie pas la nature, on s’en sert comme alliée. Et quelle alliée!! Nous nous laissons emportés par le courant et avalons en 2 h, les 70 km qui nous séparent de la route 40. Il nous manque un plateau supplémentaire, nous roulons à 40 km/h sur le plat sans aucun effort.
Ce soir, nous dormons dans le hangar ("galpon") de la gendarmerie.

Génial cette tente avec chauffage au bois. Et le conduit de cheminée, il est où??


JOUR 14 : Le vent ne s’est pas encore levé et le ciel est dégagé. Mais notre décision est déjà prise : nous ferons du stop sur ce tronçon de route que nous connaissons pour l’avoir fait dans l’autre sens.

Comment trop volumineux? On a juste 2 vélos et quelques sacoches, c’est tout!

Quelle bonne idée de faire du stop un dimanche, le jour où il n’y a quasiment pas de camions! En face de notre coin-stop, nous en apercevons un garé sur le parking de la station essence."Excusez-nous monsieur, vous n’iriez pas vers le Nord par hasard?". "Si mais nous sommes déjà 2 sur la banquette avant". PPfff, la fausse excuse. Bon tant pis, nous allons retrouver notre poste, au bord de la route. Le camion de la station essence démarre, prend la direction du Nord et s’arrête à notre niveau : "Aller, montez; on chargera les vélos derrière."...Yiipii!
De stop en stop, nous voyons défiler les paysages qui ont un air de déjà vu et finalement, nous arrivons jusqu’au croisement avec la route qui mène à El Chalten. Max doit récupérer un nouveau matelas à la poste pour remplacer l’ancien, véritable gruyère. Et oui, nous on fait 180 km de détour en vélo pour récupérer un colis à la poste…

Ouah, la triche!!!

JOUR 15 : Nous arrivons à El Chalten où nous attendent Flo et Mario, notre famille d’accueil qui nous avait hébergés lors de notre venue il y a un mois déjà. Les dizaines de couch surfeurs qui débarquent chez eux chaque semaine n’ont pas altéré leur sens de l’hospitalité. Le chaton à moitié coupé en 2 que Mario avait recousu  avec les moyens du bord sur la table de la cuisine a survécu et gambade partout.


JOUR 16 : Nous profitons de la connexion internet pour lancer notre plan d’attaque pour les prochains mois : constituer un dossier pour l’obtention du permis vacances-travail dans l’objectif de faire la saison de ski à Bariloche; trouver un projet de construction naturelle dans la région de El Bolson pour mettre la main à la pâte. Quand nous rentrons à la maison, nous trouvons 4 cyclistes français en route pour Ushuaïa. Parmis eux, il y a les "maillons de la chaine des Andes", un couple parti également de Colombie en vélo dont nous avions entendu parler mais que nous n’avions jamais rencontré. Mario prépare des pizzas pour toute la tribu et nous passons une délicieuse soirée à échanger nos expériences.

Mario et Max en fin de soirée: ils se sont bien trouvés ces 2 là!


JOUR 17 : Soph est sur le net dans un bar wifi du coin pendant que Max fait le tour des supermarchés pour comparer les prix des produits. Max débarque paniqué dans le bar wifi, il a perdu son porte-feuille avec le passeport, l’argent (plus de 250 euros) et la carte de crédit. C’est la cata, le drame! Nous sommes venus ici uniquement pour récupérer un matelas et nous perdons le triple de la valeur du colis. Sans parler du passeport qu’il va falloir aller faire refaire au consulat à Buenos Aires. Inimaginable…
Après avoir été au commissariat, à l’office du tourisme, Max lance un avis de recherche à la radio locale, placarde des annonces dans les supermarchés. Tout le monde est vite au courant. Des gens qu’on ne connait même pas nous demande si on a retrouvé le porte-feuille. Il va ressortir, c’est sûr! Nous décidons d’attendre un jour de plus. La morale de l’histoire, c’est la fable de la Fontaine à l’envers : mieux vaut faire la cigale que la fourmi, on ne sait jamais ce qu’il peut nous tomber dessus du jour au lendemain!


JOUR 18 : Pas de nouvelles du passeport. Nous n’arrivons pas à profiter de la magnifique journée et de la vue splendide sur le Fitz Roys. Nous nous imaginons le chanceux qui est tombé sur notre butin et qui se refuse à rendre le passeport… Celui-là, si on le chope! Nous partirons demain : les habitants de El Chalten sont au courant qu’ils doivent ramener le passeport chez Mario et Flo au cas où il réapparaitrait.




JOUR 19 : Nous quittons El Chalten en faisant nos adieux à l'adorable couple argentin qui sera toujours bienvenu chez nous (faut-il déjà qu’on ait un chez nous!). Soph leur fait cadeau de notre carte du monde pour que chaque voyageur qui débarque chez eux leur montre d’où il vient. Partis à 14h00, nous arrivons à 19h00 120 km plus loin, sur une route que nous ne connaissons pas encore. Un nouveau chapitre commence…


JOUR 20 : La malchance continue. Il a plut toute la nuit et il est impossible d’avancer sur ce tronçon de la 40 : c’est de l’argile pur! La terre collante s’infiltre dans les gardes-boue, les freins et bloque les roues.

Pire que le vent et la grêle?? L’argile!!
Nous faisons demi-tour en portant les vélos aux roues bloquées et les nettoyons à la station essence heureusement toute proche. Que faisons-nous? Personne ne passe par ici et il va être dur de faire du stop. Après quelques hésitations, nous décidons de faire un détour de 150 km pour éviter le tronçon de terre argileuse. Un pick-up nous avancera d’une 50 aine de kilomètres.


JOUR 21 : La journée consiste en une ligne droite interminable et une montagne en forme de château. Dès le matin, nous apercevons cette montagne au loin, seul obstacle sur ce plateau désertique. 4 h plus tard, nous arrivons au pied de la fameuse montagne. Le soir, elle est toujours à l’horizon, dans notre dos.


Nous arrivons le soir à Governador Gregores, petit village sympathique où les habitants viennent nous interroger sur notre voyage. Le responsable de l’office du tourisme nous ouvre gratuitement le camping municipal avec toilettes et douche chaude!


JOUR 22 : Le vent qui nous avait laissé tranquilles ce matin, recommence à souffler dans le mauvais sens et nous craquons de nouveau : Fernando nous embarque dans son camion-benne avec les vélos sur une 30aine de kilomètres. L’avantage du stop, c’est qu’on discute de thèmes divers avec des gens complètement différents : politique, histoire de coeur, environnement, religion... Fernando nous invite à utiliser sa maison à Missiones, au nord de l’Argentine,  quand on passera par là-bas. Lui ne sera pas là, mais peu importe, son voisin nous donnera les clefs!
Le soir, nous testons une autre fois l’hospitalité du personnel du "puesto de vialidad" (sorte de DDE). Et nous tombons bien : ce soir, c’est soirée gaucho! David, le gardien du poste routier a invité les employés des estancias voisines à manger le cordero. Nous nous retrouvons autour de la table à partager l’outre de vin, à goûter le saucisson de guanaco et à écouter les histoires des gauchos de la zone : le lion (c'est ainsi qu'ils apellent le puma), redoutable prédateur pour les troupeaux de moutons a encore frappé...




JOUR 23 : Le vent souffle toujours et la route est plus droite que jamais. Nous nous fixons des objectifs proches pour nous aider à avancer : A la charrette, on fait une pause ou encore : on roule jusqu’au tracto-pelle et on se fait un maté. Dur dur pour le mental, ce vent.

Les nouveaux colons arrivent!
Et Gérard, il faut reprendre le boulot maintenant! ça suffit le maté!


JOUR 24 : Nous sommes invités à prendre le ptit déj' par 2 motards, mexicain et guatemalien, rencontrés hier soir, dans le village de Bajo Caracoles. Ils comptent dormir à El Chalten ce soir. Nous, ça fait 5 jours qu'on a quitté le village!  Même en trichant, on ne fait pas le poids contre les motos!

Allez, les gars, on échange nos bécanes?! Il faut juste prévoir un peu plus de temps...

Le vent est plus fort que jamais et nous nous relayons toutes les 5 minutes pour affronter la violence des rafales. L’un va au front tandis que l’autre se repose. Ce vent est sournois : une accalmie, on se relâche quelques secondes et il en profite pour nous lancer une bourrasque qui nous envoie dans le décors. Les vélos deviennent incontrôlables et nous avons toutes les peines du monde à tenir le cap. Nous nous efforçons de calmer notre rythme cardiaque qui s’affole avec les rafales.

Arc-boutés sur le guidon, nous maintenons difficilement notre allure à 10 km/h...
Nous nous arrêtons à l’abri d’un container après 2h de lutte permanente. Nous avons fait 20 km… La journée va être longue. Dans l’après-midi, un pick up s’arrête et nous propose de nous emmener jusqu’à Perito Moreno. Nous échangeons un regard hésitant et cédons encore une fois. Aujourd'hui, nous perdons la bataille. Mais ce n'est que partie remise : nous nous retrouverons, impitoyable zef!
Nous sommes accueillis comme des rois chez les pompiers : après la douche bien chaude, ils nous préparent un bon repas et nous remplissent notre verre de vin dès qu’il se vide.

Tant d'attention et de gentillesse après cette lutte contre les éléments, ça remotive!

JOUR 25 : Aujourd'hui, c'est jour de repos : l'effort et le vin de la veille nous ont bien fatigué. Sur le net, un message de Flo nous annonce que l'éboueur de El Chalten leur a rapporté le passeport! Ouf, quel soulagement! Nous n'avons plus à nous préoccuper de nous rendre à Buenos Aires. En nous baladant dans les rues, nous rencontrons Edouardo, un jeune homme de 65 ans qui parcourt son pays en vélo. Parti du Sud de Buenos Aires, il est descendu jusqu'à Ushuaïa par la côte atlantique et remonte maintenant par la 40. Les yeux pétillants, le rire facile, le petit homme ne manque pas de courage! Comme nous, il se débrouille pour trouver un toit chaque soir en demandant l'hospitalité.

Edouardo, 65 ans et toutes ses jambes!!!

JOUR 26 : Dès l'aube, nous avons rendez-vous avec le vent. La journée est longue : nous poussons jusqu'au prochain village, Rio Mayo, à 120 km. Le soleil se couche quand nous apercevons au loin un panneau : Rio Mayo, 3km. Pourtant, quand nous regardons autour de nous, nous ne voyons que la pampa à l'infini. Où il est ce satané village??! Les jambes fatiguées, nous continuons, perplexes. Il doit rester 1 km et toujours pas de village à l'horizon. Mais d'un coup, le sol se dérobe et nous dévalons la pente : un canyon! Niché au fond du canyon, près de la rivière, nous apercevons enfin le village. Le relief ici, c'est la meseta : des tables échelonnées parfois entaillées par des vallées fluviales dans lesquelles se sont développés les villages.





JOUR 27 : Pas un souffle de vent ce matin : c'est la trève! Nous avions presque oublié l'existence du 3ème plateau!!

Sans vent, on les avale les kilomètres !!!

Sur la route, un sanctuaire orné de drapeaux et de rubans rouges. C'est le culte de Gauchito Gil, le robin des bois argentin qui fut injustement mis à mort. Les voyageurs lui rendent grâce en lui offrant bouteilles de vin et cigarettes.

Bouteilles de vin à moitié vides, mégos de cigarettes : c'est une décharge ici, pas un sanctuaire!

Les estancias sont des oasis qui offrent une bonne protection dans ce désert venté. Le froid se fait de plus en plus vif et, chaque soir, nous demandons un abri pour passer la nuit.

Des peupliers, des scalps de moutons, une selle de cheval, ce sont des signes qui ne trompent pas...
...ce soir , nous dormons dans l'antre d'un gaucho.

Pour passer la nuit, il nous propose le guincho, équipé d'un foyer géant pour faire griller le cordero


JOUR 28 : Il est 8 h et malgré le ciel sans nuages, le soleil semble ne pas vouloir se lever. Il faut dire qu´il fait un froid glacial et nous avons les mains er les pieds gelés en roulant. Il ne ferait pas bon dormir dehors par ces températures. Nous approchons de Governador Costa, notre point de chute pour aujourd´hui, quand une voiture s´arrête à notre hauteur : " Hola! Como andan?? Vous avez un endroit où dormir ce soir? Non? Vous n´avez qu´à venir chez moi!". Tout naturellement, Edwin le colombien nous invite à passer la nuit dans son studio bien chauffé.

Même en Argentine les colombiens sont super aimables!!!


JOUR 29 : Nous quittons l´alsphate pour un chemin de terre qui nous amènera jusqu´à Piedra Parada, où nous avons rendez-vous avec Mattias et Ana pour une semaine de volontariat (wwoofing). Sur la route, nous faisons une halte pour demander de l´eau à une estancia, la Elvira. Le propriétaire s´empresse de nous faire visiter son domaine.

Mais que cache t-elle, cette paisible propriété...
Quelle surprise en entrant dans la luxueuse maison! Nous sommes dans l´ancienne propriété d´une riche famille nazie! L´Argentine, après la 2nde guerre mondiale, est le refuge idéal pour nombre de criminels de guerre nazis.

Viens, Soph, que je te tatoue la croix gammée au fer rouge!

Et dans le bureau , un coffre fort : c´est que ça rapporte de travailler à la Solution Finale!!

Le soir nous demandons l’hospitalité aux gendarmes du village de Gualjaina qui nous offrent une chambre privée avec 4 lits, salle de bain... Fito, de garde cette nuit là, est passionné par les pierres précieuses et nous emmène visiter son atelier, une véritable caverne d´Ali Baba!

Améthystes, Agates, Tourmalines se ramassent à la pelle ici! 
Nous repartirons de l´atelier avec des pierres précieuses plein les poches, merci Fito!


JOUR 30 : Nous arrivons enfin à Piedra Parada (pierre debout), notre point de chute, qui se dresse de toute sa verticalité au bout du chemin. La journée est magnifique et nous avons le vent dans le dos!!

Piedra Parada, on arrive!!!

8 commentaires:

  1. Ouah! que de nouvelles aventures encore!! On est de tout cœur avec vous contre ce vilain vent!

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  2. après un peu d'attente , on retrouve
    les beaux paysages du sud,
    çà semble bien difficile de remonter
    vers le soleil , le vent fait barrage
    (courage on vous aide)
    gros bisous ;
    FRED

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  3. Bonne fête Sophie!! Des gros bisoussss!!!

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    1. Merci les filles!!!! Je vous embrasse bien fort aussi!!!

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  4. Max, hier soir j'étais prêt de toi.
    Soirée concert, avec un bandonéon, du tango et des empanadas. J'ai tout apprécié, je t'ai envoyé des ondes, c'est sur, tu les as reçu.
    A la lecture de ce blog, vous avez passé un mois bien difficile, l'hiver s'installe,il vous reste à hiberner.
    Toujours avec vous.

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    1. Ouahhhhh en route pour l'Argentine alors... C'est bien ça on se met dans le bain!!!!!
      Gros BISOUS à tous les 2.
      Pour le moment nous on hiberne et on s'engraisse (avec de la bonne bouffe).

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  5. Coucou mes poulets !!!
    Oh Putain que c'est beau, vous me faites encore plus rêver. Vivement que vous rentriez quand même que je vois vos ganaches de baroudeurs. Désolée pour le peu de nouvelles mais vous savez que je pense à vous !!!!
    Gros bisous mes poulets
    Delph

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    1. Salut la Delph,
      Trop plaisir d'avoir de tes nouvelles poulette!!!
      Et pourquoi pas venir nous voir au brésil l'année prochaine??
      Grosses bises depuis La Paciencia où nous allons bientôt changer de vie encore!

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