lundi 25 mars 2013

Ushuaïa et le nouveau départ

L'euphorie des 1ers instants et la joie d'être enfin à Ushuaïa retombent vite : l'accueil de notre hôtesse est aussi glacial que le temps pluvieux qui s'installe sur la ville dès le lendemain de notre arrivée. Nous manquons de justesse les festivités organisées par les cyclo-voyageurs pour célèbrer la fin de leur voyage et la majorité sont déjà repartis. Un peu déçus, nous nous apprêtons à entreprendre le long trajet du retour. Il nous faudra encore une année pour remonter en vélo jusqu'au Brésil et attendre la période de navigation des voiliers vers l'Europe. Mais, du jour au lendemain, la situation bascule : un rayon de soleil, une famille d'accueil chaleureuse, un environnement époustouflant et nous tombons sous le charme de cette région du bout du monde.
 

Notre séjour a Ushuaïa se divise en 2 épisodes bien distincts : les trois 1er jours, nous les passons chez Alba, une vieille fille qui tient un Bed & Breakfast. Dès les 1ers échanges, elle nous fait bien comprendre qu'elle ne tolère aucun désordre dans son hôtel et nous demande d'un ton méprisant de débarasser nos affaires du passage : nous ne sommes pas les bienvenus. Mais pourquoi donc nous offre t-elle le logis ? Mystère...  Nous restons donc cachés dans la chambre sous la mansarde qui a l'avantage d'être chaude et confortable.

Au bout des 3 jours de séjours autorisés par Alba, nous nous préparons à plier bagages pour se remettre en route, déçus de l'expérience vécue à Ushuaïa, ville froide, humide et excessivement chère.

Mais la situation bascule quand nous recevons un message de Klevel, une couchsurfeuse qui nous invite à passer quelques jours dans la maison familiale. La chaleur humaine qui émane du message nous donne envie d'en connaitre l'émettrice et, comme un signe du destin, les nuages se lèvent dévoilant les montagnes saupoudrées de neige fraîche qui surplombent Ushuaïa et le canal de Beagle.

Vue sur les montagnes depuis Ushuaïa...
 
...Vue sur Ushuaïa depuis les montagnes
 
La famille de Klevel est une communauté exclusivement féminine : elle vit avec sa mère, sa soeur et sa nièce. Laissez-nous vous les présenter :


Ici, on ne trinque pas à la bière mais à l'eau diamantine, une eau à "haut niveau de vibration" qui purifie le corp et l'esprit  

En quelques jours, nous sommes submergés d'informations. Voici un résumé de ce que nous raconte notre hôtesse :
 
Il y a moins d'un siècle, les principaux habitants de la Terre de Feu étaient encore d'origine indigène : les Yamanas, les Haus et les Selk'Nam. Alors qu'en Europe, on inventait la machine à laver et on assistait au décollage du 1er hélicoptère, eux étaient seulement vêtus de peaux de bête dans ce climat hostile, et vivaient en harmonie avec la nature.

Famille Yamana au début du XXème siècle
En quelques dizaines d'année, les colons, avec le soutien des gouvernements chiliens et argentins, ont exterminé la totalité des populations indigènes, que ce soit directement avec des armes ou indirectement par la propagation de maladies dont les indiens n'avaient pas d'immunité . Il n'existe plus un seul indien pure souche au jour d'aujourd'hui : ici aussi, la colonisation du territoire qui a seulement eu lieu au début du XXème siècle est responsable du génocide des populations autochtones.

Et puis, elle nous raconte la dictature des années 70 avec son quota de disparitions et de crimes antisémites contre les noirs (on avait bien remarqué qu'il n'y a pas de noirs en Argentine), les gauchos et les indigènes. Et enfin, le scandale de la guerre des Malouines. En 1982, l'Argentine déclare la guerre à l'Angleterre pour s'approprier les îles Malouines situées à quelques centaines de miles d'Ushuaïa. L'Argentine est alors gouvernée par une dictature militaire qui souhaite redorer son blason en flattant le sentiment patriotique. Résultats des courses : le massacre de l'armée argentaine, adolescents sans expérience et armés de munitions obsolètes.


Les Malouines, îles pelées au large de la côte Argentine que le pays ne veut toujours pas reconnaitre comme anglaises...

Elle nous explique le concept de cosmovision qui veut simplement dire "vivre de façon à faire partie de la nature sans jamais la dominer". Mais à partir de là, elle nous perd : le vent qui transporte des messages, l'eau qui parle...

Toutes ces infos nous donnent le tourni. Pour s'aérer un peu l'esprit, nous partons à l'aube direction le Parc National de Lapataïa, royaume du silence et de la vie sauvage. Et comme il est très tôt, la cabane des guardiens du Parc chargés de faire payer l'entrée est fermée : quel dommage !!!

Le jour se lève sur la baie de la Pataïa : la mer est d'huile et le ciel, limpide.

Nous assistons au réveil de la nature et surprenons certains habitants de la zone dans leur train-train quotidien 

comme monsieur renard en quête de nourriture...que certains touristes s'empressent de lui fournir : pas bien!

...ou Woody woodpecker en personne qui prend son p'tit dej'
 
Quand aux castors, nous nous contenterons des traces qu'ils ont laissé derrière eux...
...comme ces forêts dévastées, inondées à cause des barrages de cette espèce exotique importée par les colons.
La forêt ne semble pas vouloir qu'on épie ses habitants!
 

 Nous sommes chanceux : il y a 200 jours de pluie dans l'année et seulement 30 jours de beau temps et nous avons droit à l'un d'eux!

Sur le chemin qui longe la baie, on se croirait presque dans les calanques !

Nous grimpons le cerro Guanaco avec émotion: le canal de Beagle, la cordillère Darwin et à quelques kms, l'Antartique!
 
Et nous retrouvons Félix, cycliste belge que nous avions croisé sur les routes de Bolivie : le monde est petit même si nous nous sentons minuscules dans ces paysages grandioses!
Pour agrémenter nos pâtes, nous avons le choix entre champignons des bois ou moules fraîches de la baie. Comme nous hésitons sur la comestibilité des champignons, nous penchons pour la seconde option.


On ne dirait pas comme ça mais une bonne fricassée de moules...

Klevel nous apprendra par la suite qu'ici, personne ne pêche de fruits de mer à cause des marées rouges (marea roja) qui touchent par période les côtes chiliennes. Il s'agit d'une algue microscopique hyper toxique qui, une fois ingérée, entraine la paralysie des muscles et la mort.
 
...peut s'avérér mortelle en cas de marea roja : on l'a échappé belle!
 
Finalement, arrive le jour du départ et de la longue remontée vers le Nord. Comme un film qu'on rembobine, nous repassons par le col Garibaldi et la panaderia de Tolhuin et, comme à l'aller, dormons chez Gerardo à Rio Grande.
 
Nous profitons des vents faibles pour entreprendre la traversée d'Est en Ouest vers Punta Arenas où nous devrions profiter de la zone franche pour renouveler le matériel.

En route pour Punta Arenas
 
Parcourir ce chemin de terre est un vrai plaisir et nous le classons dans notre top ten des plus jolies routes
Pas de circulation, des animaux sauvages, une lumière australe qui magnifie le paysage.
Et après avoir laissé l'Atlantique la veille, nous rejoignons le Pacifique
Nous avons même la chance d'apercevoir des manchots empereur vêtus de leur smoking noir et blanc
Le temps se gâte avant d'arriver à Porvenir : histoire de se réchauffer un peu, nous nous arrêtons demander de l'eau chaude pour un maté dans une estancia.  Luis, l'employé chargé de garder l'estancia nous accueille avec son accent chilien à couper au couteau. Luis est un gaucho patagon, un vrai : coiffé de son béret noir, il surveille le troupeau de brebis à cheval. Il nous invite dans sa maison, attenante au gros corps de ferme. Ravi de pouvoir discuter un peu, il nous invite à goûter sa soupe bien épaisse et nous régale de son cordero assado (mouton grillé). Nous lui proposons de goûter notre maté : il est surpris que des "gringos" soient adeptes de la boisson nationale!


Bien au chaud chez Luis, le gaucho patagon


 A Punta Arenas, nous sommes reçus par le corps de pompiers français. Fiers de faire partie des sapeurs pompiers de France, ils sont ravis de nous acceuillir dans leur caserne.
 
Dans le hall, une tour Eiffel flanquée des drapeaux chilien et français.
Sur les murs, le portrait d'Hollande et la Marseillaise... On n'est pas trop dépaysés finalement!
Vous êtes sûrs qu'on est au Chili??!

Carlos nous fait l'éloge des pompiers français et nous raconte la fondation de la caserne.  

 
Confortablement logés chez les pompiers, nous préparons notre nouveau départ et faisons "peau neuve" : nouveaux vélos, nouvelle tente, nouvelles sacoches... On va devoir bientôt se remettre au travail pour financer tout ça.
 
Nous sommes fin prêts à partir avec notre équipement flambant neuf et un nouvel équipier : Mat, cycliste anglais qui, après l'Asie, entame son voyage en l'Amérique du Sud.

20 commentaires:

  1. Et bien les enfants, à vouloir tout gouter, vous l'avez échappé belle.
    Maintenant que vous attaquez la remontée, svp, revenez nous entiers.
    Nous n'avons pas de commentaires de vos trois jours d'hacienda en hacienda, pas de photo de Louïs Vargas ?
    C'est toujours un plaisir de vous suivre.

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  2. coucou les deux zigotos on espere que vous allez bien!
    mamie et papi profitent que je leur montre votre blog pour me dicter un petit mot : " nous pensons bien à vous et vous souhaitons bon courage pour la remontée, on vous embrasse"
    et quand a moi j'ai une question pour toi soph, quand tu écris " il y a 200 jours de pluie et 30 jours de beau temps tu fais quoi des 135 jours qu'il reste???? hihi" bisous a bientot!!
    élo

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    1. Et ben, entre la pluie et le beau temps, il y a les arcs-en-ciel! Et puis la majorité du temps, c'est nuageux : ni pluie, ni soleil! Et en hiver, il neige, donc voilà pour les 135 jours restants, mademoiselle ;-)!! Dis à Papi et Mami que je pense trés fort à eux et que je les embrasse. Comment ça se passe pour toi? et Greg?? J'aurai "bientôt" des nouvelles fraiches par Sylvie! Trop contente qu'elle vienne nous voir!!! Gros gros bisous ma cousine!

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    2. Oui maman et trop contente de venir vous rejoindre!! ( bon elle se cague un peu de l avion mais je l ai rassuré en lui disant qu elle part avec cat et dom et que c est connu ils ne leur arrive JAMAIS dimprevus.. Hihi)
      Sinon moi ca va bien tjrs a montpeul et prochainement infirmiere en juillet :-))))
      Et greg ben comment le decrire.. Bon il va tres bien et sinon il est toujours aussi imbecile, fetard et danseur! il fait une ecole ds la communication de la presse. Voilou a bientot peut etre !! Prend soin de toi quand meme ;-) bisous

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  3. Hello les vadrouilleurs !
    Vous devez vous éclater au vue de tous les beaux paysages que j'ai pu voir sur ce blog !!! Ca donne terriblement envi de venir vous rendre visite :)
    Je pense bien à vous et mangerai 1 chocolat de pâques avec les parents pour vous ;)
    A bientôt,
    Sophie

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  4. Bonjour à vous deux
    Je viens de découvrir votre blog en compagnie de tes parents Max qui sont venus passer Pâques avec nous.
    Je suis à la fois admiratif devant votre courageet comprends aussi les inquiétudes de tes parents.
    Une chose est certaine c'est que vous reviendrez riches d'expériences et de rencontres que seul un périple comme le votre peut apporter.
    Je vous souhaite un bon coup de pédale pour votre remontée vers le nord mais vous semblez être en excellente condition physique.
    On pense souvent à vous.
    Prenez soin de vous et maintenant que j'ai les cléfs je vais vous suivre sur le blog.
    Bises à tous les deux
    Marin

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  5. le moral est bien reparti avec votre remontée
    USHUAÏA n'est peut-être pas sympa..
    m'est la région semble superbe
    élo n'est pas bien de nous faire croire que vous avez
    dormi plus de 100 jours
    grosse forme pour la suite
    f

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  6. Coucou Tonton Maxime
    Tu t'amuses bien? Tu vas revenir quand? Tu nous manquent.
    Grso bisous de la part de Noémie et de Léna.

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    1. Coucou à toutes les 2,
      Tonton Maxou va super bien sur son vèlo avec sa chèrie Sophie. On se dirige maintenant vers le Nord et on sera au brèsil en Mai 2014 pour chercher un voilier qui nous raménera à la maison!!
      Gros bisous les filles je pense fort à vous et vous embrasse tres fort!!!

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    2. Et nous aussi on pense tres fort à vous!!!!!!!!!!!! OkK!!! On t'attend à la maison bisous
      NOEMIE!!!

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  7. Un mois sans photos! ça commence à faire long pour nous...
    Bon, on sait que vous êtes à Piedra Parada ( haut lieu de l'escalade, pas d'imprudence!) et que le paysage semble très beau.
    On espère que vos problèmes de carte et papiers vont bientôt être résolus...
    Bisous++++++

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  8. Great photos! I met Matt from England as well. The three of you have inspired me to cycle for lengths of my trip. Maybe we will see each other once again. Safe travels!

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    1. Hy Jimmy how are guy!!!
      Where are you?? Are you going on in bicicle???
      Are you with Matt??
      Give us some new.
      We are in Esquel and in few days in El Bolson for 1 month!!
      Enjoy and take care. If you come to El Bolson contact us ok??
      Kiss

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  9. A quand des photos?? Nous sommes trop bien habitués!! Delphine et noémie

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  10. A quand des Photos?? nosu sommes trop bien habitués!!

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    1. Coucou Noémie,
      Sophie et en train de remettre à jour le blog, elle a bcp de travail car cela fait 1 mois que nous n'avions pas de connexion!!
      Tu va voir les photos et les histoires sont terribles!
      Je t'embrasse bien fort ma Noémie!!

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  11. Désolé pour les essais mais j'ai enfin mis mon profil!!! bisouss

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  12. Yo les amis !

    Comme un con j'ai essayé de vous appelé par telephone et après toutes ces aventures jme suis dit qu'effectivement vous ne deviez plus en avoir ?? c dommage entendre vos voix m'aurais fait grand plaisir !! donnez des news ! bisous bisous de Bordeaux :)

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    1. Salut l'ami,
      Tu perd vraiment la memoire mon pot!!! Si tu veux m'appeller tu peux sur mon tel argentin: +54387155740633. Sinon il y a Skype pour voir ta bouille (cherche maximegely).
      La route continu mais on va faire une pause d'1 mois en wwoofing á El Bolson.
      La bise á toi et á ta copine. Qd est ce que tu viens nous voir???

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