mardi 12 mars 2013

La terre de feu et de glace

Après 15 000 km de coups de pédale, une centaine de rustines, des rencontres à la pelle et les tendons bien usés, nous arrivons enfin au terme de notre première destination, la fin du monde, Ushuaïa ! En quittant le Chili, nous laissons derrière nous le chemin de terre et la cordillère arborée pour retrouver le goudron et la steppe patagonienne. Nous sommes en route pour la Terre de feu à un rythme infernal sans que le vent de face ni les averses ne viennent nous perturber dans notre quête du bout du monde. Et dans les recoins de la cordillère qui longe le désert  et nous accompagne jusqu'à Ushuaïa, nous découvrons des vues spectaculaires sur les glaciers qui débordent de l'immense campo de hielo, la 3ème calotte glaciaire après l'Antartique et le Groenland.

Nous repartons de Villa O'Higgins par la voie royale, le lac glaciaire O'Higgins, seul passage vers le Sud coté chilien. Et bien plus qu'une simple traversée, le voyage en bateau nous offre une vue splendide sur le glacier O'Higgins..
 
 

Le mur de glace se dresse devant nous de toute sa hauteur, comme les fanons d'une gigantesque baleine.
 
Un énorme block se détache et plonge dans une gerbe d'eau : un nouvel iceberg est né ! Nous assistons en direct à la fonte de ce géant de glace qui ne résiste pas à la chaleur de l'été austral. Cela nous conforte dans nos convictions écologiques et donne tout son sens à notre manière de voyager. 
 
Iceberg droit devant, à tribord toute !!
Comment ça je prend un bateau à moteur qui participe au changement climatique? C'est pas vrai, je suis toujours sur mon vélo!
 
Seuls cyclistes à bord, nous éveillons  la curiosité des gens. Max, avec toute la patience d'un sage, répète inlassablement la même histoire. Fatiguée d'entendre pour la énième fois les détails de notre voyage, Soph se défile et va admirer le paysage.
 
Et si on faisait un enregistrement une bonne fois pour toute ?
 
De l'autre coté du lac nous attend un chemin que seuls les randonneurs et les cyclistes aventuriers peuvent emprunter pour rejoindre l'Argentine et le Lago del Desierto. Encore une fois, nous nous mettons en mode rando, poussant les vélos chargés sur cette magnifique piste à travers la fôret de Patagonie.
 
L'avantage des VTT c'est que ça passe partout !
 

Enfin presque...

 
 Au col, nous avons la vue sur le Fitz Roy qui se dresse de toute sa hauteur telle la tour imprenable d'un château de pierre.
 
Le Fitz Roy exerce sur nous un effet magnétique : on a déjà envie de l'admirer de plus prêt!



El lago del Desierto, dernière étape avant El Chalten.
 
Nous arrivons à El Chalten à point, juste avant la pluie. Nous sommes accueillis par Florencia et Mario qui hébergent déjà 4 couchsurfeurs dans leur petite maison. Dans ce douillet cocon, nous passons une agréable journée de pluie à discuter, cuisiner, bouquiner avec l'adorable famille et le groupe de voyageurs.
 
Quoi, il pleut dehors?? Et ben, tant mieux!
 
La pluie ne dure pas longtemps et laisse place à une belle fenêtre météo qui nous permet de rendre visite au Fitz Roy et autres tours majestueuses qui surplombent le village.
 



Le Fitz Roy, façade rocheuse impressionante de verticalité.
 
Pour nous, c'est certainement l'une des plus belle montagne de la cordillère.
 


Sang, le cycliste belge et Paluch, le polonais fou nous accompagnent dans la découverte de ces splendides paysages.



De retour à la maison, nous nous mettons aux fourneaux pour offrir à nos hôtes un bon repas, le strict minimum pour les remercier de nous faire partager l'intimité de leur vie de famille. Sang prépare la salade, Max le gratin dauphinois, Soph le gâteau au chocolat et Paluch se charge du vin...

 
Quand on laisse aux polonais le soin de choisir le vin, il faut s'attendre à des surprises! Et Paluch, tu vas tous nous tuer avec ce Terminator!
 
C'est l'heure du départ, merci Flo, merci Mario et lo pasamos muy bien con Paluch y Sang!

Et à partir de là, c'est le changement radical : nous retrouvons la route 40 telle que nous l'avions laissé 2000 km plus au Nord, aussi droite et plane avec sa ligne jaune au milieu et bordée par un paysage désertique.
 
Nous sommes épargnés par les vents violents redoutés des cyclistes mais pour combien de temps?

En chemin, nous nous échappons une dernière fois de la route 40, reportant à plus tard notre face à face avec le désert et le dur climat de la steppe patagonienne. Nous faisons un crochet par El Calafate pour aller voir le Perito Moreno, impressionant glacier, le seul à ce jour qui avance plus qu'il ne recule.

Coup de chance :  en sautant dans la voiture des argentins qui nous prennent en Stop sur la route qui mène au glacier, nous payons l'entrée au tarif argentin, soit 3 fois moins cher que le tarif "gringo". Et en plus, on tombe sur 2 frères vraiment sympas qui nous offrent un magnifique couteau artisanal en corne et bois de leur entreprise familiale.


Devant le Perito Moreno avec les couteliers argentins. Vous voulez peut-être voir la vue ?


La voilà !!! Balaise le glacier!
Non, Max, on ne passera pas de l'autre côté de la barrière pour s'approcher...

Parceque quand ça se détache ici, ça ne rigole pas : y en a qui y sont passés comme ça...
 
En repartant del Calafate, ce n'est ni le vent ni la pluie que nous trouvons sur la 40 mais un beau soleil, une douce chaleur et une légère brise. La route nous apparait sous un angle de vue nouveau : le silence, la lumière rase du soleil austral, le spectacle de la vie sauvage, les couchers de soleil... Nous découvrons la beauté de la patagonnie argentine et ce paysage où le regard porte à l'infini nous emplit d'un sentiment de liberté.
 
 

Un matin au soleil levant, nous voyons la vie en rose...

On se sent libres comme l'air sur cette route déserte!!

Avec cette lumière, le moindre objet est empreint d'une touche poétique.

On ne devait pas remplumer notre duvet ? Et ben voilà, on a le matériel, reste plus qu'à les attraper!



Pour arriver jusqu'à Ushuaïa, il nous faut zigzaguer entre frontière argentine et chilienne. Seulement, comme les villages sont rares, nous voyageons toujours avec une bonne quantité de nourriture. Sauf qu'il est impossible de faire passer les produits frais depuis l'Argentine vers le Chili. Arrêtés à la douane chilienne pour avoir caché des fruits et légumes dans nos bagages, nous sommes condamnés à finir tous nos produits frais avant de se représenter à la frontière... 
 
Allez, il faut finir les 4 pommes, les 10 carottes, le demi-kilo de fromage et le litre de yahourt. On va donc y passer la nuit... Les carabineros chiliens peu rancuniers nous proposent un abri et un thé chaud.

C'est en Terre de Feu, de l'autre côté du canal de Magellan, que nous rattrappent le froid, la pluie et le vent. Et là encore, le hasard fait bien les choses car chaque soir, au moment d'établir le campement pour la nuit, nous tombons sur un refuge abrité et parfois chauffé (voir surchauffé : ici, l'état subventionne les compagnies de gaz qui vendent leur énergie une bouchée de pain)
 
La pluie nous rattrappe, vite accélère!!!
Un refuge au milieu de rien, ça tombe plutôt bien : le vent est glacial!
 
Nous arrivons à San Sébastian, dernière frontière avant Ushuaïa, juste avant le déluge. On nous propose la salle d'attente comme abri, chauffée et équipée pour cuisiner.

A Tolhuin, le boulanger du village fait dormir les voyageurs dans une pièce au doux nom de "casa de la amistad";
La pièce est un véritable musée où chacun dessine et gribouille un petit mot de remerciement
Nous retrouvons l'oeuvre de collègues cyclistes qui sont juste devant nous
Certains préférent l'humour à l'art.

Nous rajoutons notre touche personnelle...On dira que c'est l'intention qui compte!

Et ça, c'est la "petite" boutique!! C'est un bon business les pâtisseries ici!
Ils ont même un zoo à l'intérieur de la boulangerie!
Betty nous fait goûter des chipas, choux au fromage. Et une empanada au poulet, non? Bon, on aura "juste" le poulet cette fois mais peut-être qu'au retour, on aura droit à des empanadas!
 
 Enfin, arrive le dernier jour de vélo avant d'arriver à Ushuaïa! Il y a de l'électricité dans l'air : nous fendons l'air et poussons des cris de bêtes sauvages pour expulser la tension nerveuse. Nous sommes impatients d'arriver. Pourtant, nous savons qu'Ushuaïa n'est qu'une étape de plus dans ce voyage, mais c'est celle qui marque la fin de notre progression vers le Sud et le début de notre trajet retour.
 

C'est avec le sourire et accompagnés d'Alejandro de Buenos Aires qu'on entame la dernière montée avant Ushuaïa 

Et après le col, il ne reste plus qu'à se laisser glisser jusqu'à la mer, on y est presque!!

Et c'est avec la même émotion que lors de notre arrivée à St Jacques que nous franchissons les portes d'Ushuaïa!
 
Ushuaïa, nous voilà!
 
 A Ushuaïa, nous retrouvons Jorge, cycliste et grand aventurier, rencontrés 8 mois plus tôt en Equateur et dont nous avons suivis les péripéties à travers le bouche à oreille du cercle des voyageurs à vélos. Parti d'Alaska il y a 2 ans, il est arrivé à Ushuaïa il y a une dizaine de jours. Nous échangeons nos histoires avec émotion autour d'un bon barbecue, heureux de se retrouver au bout du monde.

 


No me digas! Que aventura hombre!

13 commentaires:

  1. Vous êtes des grands malades mais merci de nous faire autant rêver!
    Grosses bises et pas à bientôt...
    Tonton Daniel

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  2. Bravo ! La dernière partie du voyage est somptueuse. Bon, maintenant, y a plus qu'à remonter, il reste encore tout le Brésil à pédaler !

    Nicolas

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  3. réussir jusqu’à l'extrême sud(bravo)
    çà semble 1 région fantastique et très difficile
    on apprécie les photos
    bonne remontée
    fred

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  4. Braaaavoooo !!! une affaire rondement menée !
    Trop impressionnant les glaciers ! on doit vraiment se sentir tout petit à côté. Des gros bisous, et tout plein de courage pour la remontée !
    Marine

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  5. C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô! C'est Bô! c'est Bô! c'est Bô!

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  6. vous êtes arrivés au bout du monde, certainement le plus bel endroit qui existe, merci pour les photos c'est splendide, mais j'espère que vous n'êtes pas au bout de votre energie, bon courage pour le voyage retour!
    vous me manquez beaucoup, petit pincement au coeur en regardant les photos...alors à trés vite!
    de gros bisous

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    1. T'inquiète soeurette, on a encore assez d'énergie pour revenir jusqu'à la maison et nous sommes déjà sur le chemin du retour : tu me manques aussi!!!!!

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  7. Y un mate y una rebanada de pan untada con dulce de leche para brindar con ustedes! Salud y fuerza! Que les vaya muy bien!
    besos y abrazos de Nico

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    1. Ushuaia, caramba, el lugar de mi primer maté!

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  8. Bon si j'ai bien compris je prends pas de congé pour venir à votre rencontre cet été ?!
    En tout cas j'ai mis votre lien sur mon profil facebook (moi qui n'y vais jamais !), et vous avez déjà 2 fans... Elo et Char !..
    Je vous embrasse, c'est que du bonheur de vous lire et de voir vos photos
    Sylvie

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  9. C'est beau, les glaciers !
    Vous voici au bout, du bout :
    Maintenant on vous attend !

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  10. Buena ond chicos, mucha suerte y espero que nos vemos de nuevo. Paluch

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    1. Hola Paluch!!!
      Que bueno tener noticias tuyas. por donde andas? Nosotros estamos parado en El Bolsón en una chacra en wwoofing para el invierno y buscamos trabajo por aquí hasta augusto antes de arrancar de nuevo hacia Córdoba y Brasil siempre con la bici. Esperamos verte de nuevo por allí.
      Esperamos tus noticias!!
      Un abrazo.

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