vendredi 12 octobre 2012

A saute-montagne

Notre excursion dans les cordillères se termine en bouclant la boucle par un chemin de terre, invisible sur les cartes, parsemé de petits villages sympathiques. Les gens, avenants, nous saluent en souriant et nous retrouvons l'atmosphère saine et joyeuse de l'échange culturel sans intérêt économique aucun. Les gens ont envie de connaitre, de montrer et de raconter. Très vite nous atteignons les hauts plateaux désertiques balayés par les vents et la rivière Mataro, celle qui va nous propulser jusqu'à Ayacucho. C'est à saute-montagne que nous poursuivrons notre route pour rejoindre Cuzco, la cité du soleil.


Les chemins de terre, c´est l´immersion profonde dans la culture du pays. A Tinco, par exemple, nous installons notre campement au milieu du village. Intrigués mais un peu timides les habitants nous observent de loin jusqu'à ce qu'une villageoise, plus intrépide que les autres, s´approche et entame la conversation. Finalement, c´est tout une troupe qui se forme autour de la tente. Nous apprenons quelques mots Quetchua, difficile à retenir, et leur racontons la France, le climat, la nourriture, les coutumes. Quand la conversation prend fin, il fait déjà nuit et nous nous apprêtons à préparer nos habituelles pâtes chinoises lorsqu'une grand-mère nous amène 2 assiettes de soupe fumante. Que c´est bon ces moments ou l´on se rend compte de l'extrême gentillesse des gens. Elle n´attend rien en échange, elle donne, point! Elle attend patiemment que nous dégustions son bouillon, ce que nous faisons en silence puisqu'elle ne parle que le Quetchua.
Ces rencontres au petit bonheur la chance justifient la difficulté du trajet, la montée dans les pierres, les crevaisons, les glissades. Et en plus, nous pouvons profiter du paysage sans un bruit et sans gaz d´échappement.

En route sur les chemins secondaires à la découverte des Andes

Sur la route pour Cuzco, pas de pompiers pour nous héberger (d´ailleurs, vu le nombre de montagnes carbonisées à cause de l'écobuage intensif, il devrait en employer davantage!). Nous nous rabattons sur les municipalités qui acceptent généralement de nous trouver un hébergement et on se retrouve parfois dans de drôles de situations...

A Chavin, ils offrent de nous héberger dans un hôpital à peine entamé et déjà voué à la démolition 

A junin, ils nous invitent dans les bureaux à partager une délicieuse soupe pommes-quinoa. Ils nous mettent à disposition un local dans la maison de la culture avec matelas et couvertures chaudes installés à notre attention. Et nous sommes attendus pour le petit déjeuner que la secrétaire prépare pour nous avec amour. Elle nous emballe sandwiches et bouteilles de soupe pour la route...Une vraie maman!

Et palme d'or de l'hospitalité pour la municipalité de Junin
Saltado de lomo au petit déjeuner, ils savent recevoir! 
A Huariaca, on mange nos noodles sur la table de réception dans de confortables fauteuils 

On se laisse glisser le long de la rivière Mataro. Véritable canal de propulsion, elle nous conduit vers le Sud à vitesse grand V. Pourtant, nombreux sont les petits villages qui mériteraient qu'on s´y arrête pour y goûter la chaleureuse atmosphère. On a trouvé un compromis : on s'arrête au marché, le meilleur moyen de se faire une bonne idée de la vie du village. On teste, on goûte et surtout, on tchache avec les clients, les vendeurs...

Quoi, la coutume ici, c'est de manger du chat! Heureusement, qu'on est au stand des jus!
Les paysages varient de jours en jours : de la Pampa, nous entrons dans la vallée chaude et colorée de la rivière Mataro.


Comment décrire la pampa? vent, froid et plaines désertiques
Les vicuñas, rois de la pampa sont un des emblêmes du Pérou

On passe du rouge au violet au jaune, la terre se pare de milles couleurs.

Une pause rapide à Ayacucho qui nous a piégé. Belle ville de type coloniale, l'atmosphère qui y règne est joyeuse et les gens chaleureux.

Colonnades, balconnets en bois, rues proprettes, on se croirait presque en Europe!

La plaza de arma. Ouhh, qu'il déteste les photos touristiques! Allez, fait risettes!

Et là commence la séance de saute-montagne : cols à 4000 m, royaume de la pampa et du grand froid, suivi de descentes au pays des perruches, mangues, moustiques et grosses chaleurs. Et ça dans la même journée : je vous raconte pas les chocs thermiques! Le matin, on frotte le gel sur la tente après une nuit gelée et l'après-midi, on nage dans notre sueur en remontant la pente suivante..

Et puis il y a les travaux....

Les voitures et les cyclistes dans le même panier : on ne passe pas! Qui c'est qui va devoir rouler de nuit cause travaux ? 
3h d'attente en plein cagnard, ils abusent pas un peu ?
ça nous donne l'occasion de discuter et de rencontrer d'autres touristes comme ces américains qui ont décidé de découvrir le Pérou en moto-taxi, les tricheurs!

Heureusement, les bonnes rencontres nous aident à supporter la difficulté physique de cette dernière "ligne droite" avant Cuzco.

Les enfants sont supers: ils nous saluent et nous poussent dans la montée.Pas les mêmes que dans la cordillère!

Le jour de mon anniversaire (et oui, le temps passe et les années aussi...29ans le 5/10!), nous tombons le soir dans un petit village où se fête les 40 ans de Ruben, le mari de Nelly, l'épicière. Celle-ci nous invite à l'évènement : chicharon (morceaux de cochons grillés), bière à volonté, danse traditionnelle. Elle me réserve même un gâteau à la crème avec bougies!


ça c'est un repas d'anniversaire! Moi qui m'attendais à manger des pâtes!
Allez, on souffle sans mettre de la crème partout!
Quoique, de toutes manières, la tradition c'est la tête dans le gâteau!
Et j'y ai droit aussi! Qui qui veut le bout que j'ai dans le nez?

Le matin, nous sommes réveillés par une fanfare. La tête lourde (ça devient même difficile de se remettre de quelques bières) et les jambes immobilisées par les courbatures, tendinites et autres (pas facile d'avoir 29 ans!), nous nous apprêtons à repartir. Mais les gens du village ont prévu autre chose : ils nous invitent à un déjeuner communautaire. Aujourd'hui, c'est la fête (encore!) et ils veulent nous garder... Hésitants, nous nous excusons pourtant et reprenons notre route.

Et comme aujourd'hui la chance ne nous quitte pas, on  nous offre des boissons et même une assiette de arroz chaufa (sorte de riz cantonnais).


Il suffit de complimenter l'épicière sur la bonne odeur de sa cuisine et voilà qu'on se fait offrir une assiette! 

Le même soir, nous sommes invités à poser notre tente chez Manuel, retraité qui adore les français (comme quoi, il faut être fier d'être français parfois!).

Il a quand même les moyens le papi! Camping de luxe ce soir!
Petit dej' compris avec tartines de confitures. Merci Manu!

Et enfin, après 20 jours de coups de pédale sans véritable pause, les jambes en feu et les lèvres gercées jusqu'au sang (pour ma part), nous arrivons enfin à Cuzco, ville mythique et berceau des Incas!

A nous les cités d'or et le Machu Picchu !

5 commentaires:

  1. Nous l'avons attendu longtemps celui la!
    Encore une fois vous êtes magnifiques!
    Mais la tête dans le gateau, c'est un peu lèger, non ? Dans notre famille de patissiers c'est autre chose, n'est ce pas Max ?
    Je suis envieuse du pull péruvien.
    Ayez bcp de pensées pour moi au Machu Picchu.
    Sognez vous et reposez vous bien.
    MCH

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  2. Super cette traversée ! que de rencontres et d'humanité ! et toujours des photos magnifiques.
    Des grosses bises à tous les deux !
    Marine

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  3. en europe le clow à le nez rouge SOPHIE ;
    je vois qu'en amérique du sud, c'est le nez blanc
    gros bisous et continuer cette belle aventure
    fred

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  4. Ah enfin des nouvelles ! Magnifiques les photos et vos sourires. Profitez et profitez encore et encore ! Vous nous manquez quand même ! Bon anniversaire ma Soph !
    Gros bisous
    Je vous embrasse fort !

    Delph

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  5. qui veut voyager loin ménage sa monture :cet adage est à méditer donc n'hésitez pas à vous reposer et à profiter de ces paysages magnifiques et de cette hospitalité chaleureuse . ON vous soutient et ON vous aime

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