mardi 11 septembre 2012

A cache cache dans la cordillère Huayhuash

En forme après la fête de Santa Rosa de Lima, nous partons, le coeur léger mais les épaules lourdes ( 40 kg de nourriture, vêtements chauds et autres éléments indispensables pour 8 jours de rando) sur le sentier de la cordillère Huayhuash qui promet d´être splendide. Mais, dès le premier village, nous déchantons vite : la communauté nous demande 15 soles par personne (soit 5 euros) pour rentrer sur son territoire. Mais le pire, c´est que nous apprenons qu´il existe une dizaine de communautés tout au long du sentier et que celle-ci est la moins chère... Ils justifient ce racket par la soi-disant protection environnementale de leur territoire qu´ils polluent eux-même et par l´assurance de la sécurité des randonneurs (où est notre garde du corps?). Il va nous falloir jouer à cache-cache dans la cordillère Huayhuash...

Révoltés, nous refusons de payer la taxe et commencons à avancer. Une vieille sorcière siffle à son mari "Prend leur leur sac, ne les laisse pas passer".  Finalement, nous arrivons à discuter avec le préleveur de la "dîme" qui, aprés avoir été incapable de nous dire à quoi servait cet argent, nous laisse passer pour la moitié de la taxe.

Nous arpentons enfin le sentier tout en prenant des photos des déchets qui trainnent sans que personne ne viennent les ramasser. Qu´on nous dise que notre argent sert à nettoyer après!

L´énervement du début cède à la contemplation des lieux : le site est magnifique et au bout de quelques heures seulement, nous apercevons les principaux pics de la Cordillère.

Le premier col avec les pics au loin
Arrivés au campement, on s´aperçoit qu´on n´est pas les seuls : plein de tentes de toutes les couleurs poussent comme des champignons à côté du lac.

Nous sommes accueillis par un veillard, sympathique au 1er abord mais qui insiste lourdement ensuite pour qu´on lui achète des bières hors de prix et ose nous demander un pourboire pour le nettoyage du site plein de sacs plastiques qui volent au vent.
Une autre sorcière accuse Max d´avoir uriné contre le mur et d´y avoir laissé du papier (depuis quand les hommes s´essuient après avoir uriné?!). J´ai bien cru que Max allait lui en coller une à la vieille!!

Mais qu´est-ce-qu´ils ont ces gens à être désagréables à ce point ? Le touriste est un porte-monnaie sur pattes qui ne mérite aucun échange à part celui des billets. Soit, nous n´irons plus à la rencontre des communautés, nous allons les fuir.

Comment ? En coupant à flan de montagne, en passant, tels des fantômes aux postes de contrôle. Nous filons vers les chemins de la liberté. Il arrive quelquefois que le taxeur nous rattrape à cheval ou en courant. A tel point que, le long du trajet, le bruit des sabots ou le japement d´un chien nous fait sursauter : nous sommes presque des fugitifs!!

Sinon, côté paysage, ça déchire! C´est les Alpes en concentré : des glaciers à chaque point de vue, des lacs, des pics impressionants de verticalité...


Non Max, on ne grimpe pas en haut, n´essaie pas de me convaincre!
De belles montagnes, 2 kg de mandarines, 1 régime de bananes, de quoi faire une bonne pause!

Non, on n´est pas à la sortie d´une usine de teinturerie : 100% naturelle, la couleur!

pics et pics et cols et 40 kilogrammes sur le dos!
Au final, on aura quand même bien profité des paysages et le prix total du trek nous sera revenu à 60 soles (20 €) chacun au lieu des 150 soles (50 €) que tout voyageur désireux de découvrir la cordillère par ses propres moyens doit lâcher aux communautés.

Avant de reprendre la route vers le Sud, on décide de se faire un crochet par la cordillère blanche, la plus connue du Pérou.

Et, chemin faisant, nous passons par le berceau de la culture de Chavin, l´origine de la civilisation andine. Le site archéologique en ruine est fascinant et on se replonge à l´époque des Chavin, en pleine cérémonie rituelle, entourés de chamans.

L´escalier des jaguars : pierres blanches, le féminin, le bien d´un côté; pierres noires, le masculin, le mal de l´autre...
Dans le temple aux milles galeries,  lieux des rituels mystiques
Imaginez, vous êtes un membre privilégié de la société ou un infidèle qui conteste le pouvoir des dieux Chavin. Suivant l´un ou l´autre des cas de figure, vous êtes invité ou obligé à boire le San Pedro, cactus hallucinogène qui vous met en état de transe.

On vous emmène ensuite dans le temple. Le réseau complexe de canaux sous-terrains qui permet de drainer l´humidité permet également de créer des sons similaires au rugissement du jaguar. Des musiciens soufflent dans des coquillages appelés pututos et participent à rendre l´ambiance encore plus mystique.

Le Pututo, ancêtre du didgéridoo !
Les conduits d´aération du temple servent également à créer des jeux de lumière grâce à des pierres polies. Bref, tout est fait pour que vous soyez bien flippé!
Et tout d´un coup, au centre des galeries, se dresse devant vous, un être, mi homme-mi animal...

Le Lanzon, une des divinités de Chavin qui n´a pas l´air commode...

Et ben, là , je peux vous assurer que vous êtes prêts à accepter le pouvoir des dieux Chavin et de leurs prêtres qui s´en mettent plein les poches!

La civilisation Chavin, ce n´est pas que des charlatans, c´est aussi des artistes et des ingénieurs hors-pair qui maitrisaient parfaitement le calendrier agronomique, les systèmes d´irriguation complexes, les systèmes de construction anti-sismiques et autres technologies poussées qui inspirèrent, bien plus tard (1500 ans exactement), les Incas.

Fiole dans lequel se buvait le San Pedro : et oui,  ça te retourne la tête!


Aprés cette pause culturelle, nous voilà repartis pour une autre session rando, dans la cordillère blanche cette fois. Mais des signes de fatigue commencent à se faire sentir : d'abord, les chaussures qui décèdent dès la 1ere journée de marche (les semelles se détachent et on voit les chaussettes par dessous). Heureusement un bon cordonnier comme on n´en n´a plus chez nous (ici, rien ne se jette, tout se répare!) nous raccomode ça et le problème est réglé pour l´instant. Mais voilà que Max a une boule qui se forme dans le dos (alien ou usure due au sac?), qu´il se met à pleuvoir et comme si ca ne suffisait pas, nous attérissons dans le mauvais village pour démarrer la traversée de la Codillère Blanche (ils portent tous le même nom les villages ici, difficile de ne pas se tromper...). Heureusement une villageoise nous offre sa maison pour la nuit et cela nous réconforte : demain nous rejoindrons le bon village qui est à une journée de marche. Une de plus ou une de moins, on n´est plus à ça près...

En chemin, nous tombons sur une des innombrables fêtes péruviennes. Ils n´ont pas fini de festoyer ces gens!
En même temps quel spectacle, cette musique et ces costumes hauts en couleur!
Enfin nous arrivons au départ du sentier Santa Cruz qui traverse la Cordillère. Plein d´expectatives sur les fabuleux paysages que promet la fameuse Cordillère Blanche, nous partons le coeur léger. Mais en route, les enfants, sans même nous saluer nous demandent des bonbons "caramelos, caramelos" crient-ils sur notre passage. Comme si on avait prévu un gros paquet de bonbons en plus de tout notre barda!
Plus loin, un veillard nous demande du pain, ce que nous nous empressons de lui donner, bien que nous n´ avons prévu que le strict nécessaire en nourriture. Plus loin encore un autre papi nous demande de l´argent : ce n´est plus le Santa Cruz, c´est le chemin Mère Teresa!

Sur le chemin, on soigne une bergère blessée au pied
Elle en profite pour nous montrer son artisanat en laine de mouton
On craque pour 2 jolis bonnets bien chauds, appréciables en montagne!
Oui à la valorisation des savoirs-faires et de l´artisanat; Non à la distribution de bonbons, argent et autres qui rend dépendant!

La traversée, bien que agréable, n´offre pas autant de vues spectaculaires que notre trek précèdant et c´est presque décus que nous clôturons la rando en 2 jours au lieu des 4 prévus.

8 commentaires:

  1. J'espère que vous jouez moins à cache cache en avancant dans le pays!
    Question: comment faites vous pour les photos ou vous êtes tous les deux dessus, dans un paysage sans passant ou autre touriste!
    Le retardateur de l'appareil?
    En tout cas bravo et merci pr tous ces clichés et de vous voir tous les deux j'aime beaucoup.
    Delphine, sister maxou.

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  2. Super, quel beau voyage! bon courage pour la suite , on vous suit attentivement...
    Collègues de boulot de Catherine.

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  3. Je reste scotcher face à tous ces contrastes de couleurs de vos photos! C'est magnifique.
    Encore merci de nous en faire profiter!

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  4. 5 octobre : BON ANNIVERSAIRE SOPHIE!
    As-tu encore du souffle pour tes 29 bougies?
    On t'embrasse trés, trés fort. Max aussi.
    Dom et Cat.

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  5. Hello soph greg vivie papi et mamie se joingne a moi pour te souhaiter un joyeux anniv et plein de bonheur!! Gros bisous a bientot
    elodie

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    1. Merci cousine! ça me fait chaud au coeur ce petit message! Nous venons d´arriver à Cuzco à l´instant, ça promet d´être super. Gros bisous et embrasse la famille de ma part!

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  6. joyeux anniversaire sophie
    plein de courage pour cette superbe aventure
    bisous
    fred

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    1. Merci tonton! ça y est nous sommes à Cuzco et c´est le plus beau des cadeaux! Continue de nous suivre, ça nous donne du courage!

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