mardi 22 mai 2012

Mais que se passe t-il vraiment en Colombie?



Concernant la situation politique en Colombie, on entend souvent parler de guérilla, ejercito, paramilitaires, narcotraficants.... Tout se mélange un peu dans les caboches. Alors voilà quelques précisions sur ce qu'il se passe vraiment ici.



Les principaux acteurs de la scène politique :


- El ejercito ou l'armée : Armée officielle du gouvernement, est chargée de la lutte anti-drogue, de la guerre contre les FARC, de "protéger" la population. Or, si on observe un peu où sont situés les postes de contrôle militaire, on remarque qu'ils sont près des églises, des écoles, en plein milieu de la population. Si conflit il y a, on peut être sûr qu'il y aura des victimes dans la population civile vu la proximité avec des bâtiments à grande fréquentation. Disons plutôt que les militaires se protègent en se fondant dans la population.

- Les paramilitaires : Armée privée à laquelle a recours les narco-traficants mais également, le gouvernement pour les missions "non officielles" et illégales comme l'assassinat d'opposants politique, de syndicalistes, l'expropriation de terres appartenant aux indigènes...

- Le gouvernement :

En 2002, c'est Uribe, un candidat indépendant, issu du Parti libéral, qui gagne très largement au premier tour. Selon la Commission colombienne des juristes, pendant le premier mandat du président Uribe (2002-2006), onze mille trois cents civils auraient été exécutés pour motif politique dont 14 % par des agents de l’État, 60 % par des paramilitaires « tolérés par l’État ». Elle souligne que, pendant cette période, « la responsabilité directe de l'État dans les exécutions extrajudiciaires ou arbitraires aurait augmenté de 60%. Il n'en reste pas moins vrai que Uribe est crédité de plus de 70 % d'opinions favorables, grâce à la forte amélioration tant de la sécurité que de la situation économique. Par l'acte législatif 02 de 2004, l'article 197 de la Constitution de 1991 a été modifié pour permettre la réélection du président sortant. C'est ainsi qu´Uribe est réélu en 2006 pour 4 ans. Après le rejet par la Cour constitutionnelle d'une loi permettant à Álvaro Uribe de briguer un troisième mandat, son « dauphin » Juan Manuel Santos remporte l'élection présidentielle de 2010. Et les scandales continuent...Sans parler de la corruption, toujours bien présente aujourd'hui.
 

- Les indigènes : Indiens originaires de régions colombiennes comme les Guabianos, les Koguis... Généralement des paysans qui cultivent leur terre et qui sont victimes d'injustices comme les déplacements de villages entiers, les massacres, l'expropriation de leur terre qui sont convoitées par les guérilleros, le gouvernement, ou les grosses multinationales.




La guérilla : Conflit politique armé mené par les opposants du gouvernement en place.



- Les guerilleros : Il existe deux grands groupes de guérilleros ; Les FARC ou Force Armée Révolutionnaire de Colombie et l´ELN, l´Ejercito de Liberacion National. A la base, les guérilleros ne sont autres que les paysans aux idées libérales, qui se sont armés pour leur auto-défense. Actuellement, Les guérilleros se battent pour l´argent et le pouvoir plus qu´ils ne revendiquent la reconnaissance de leur parti. 





Les scandales :



- Les faux dispositifs 


Des militaires de l'armée colombienne ont assassinés des civils qu'ils ont ensuite déguisé en guérilleros pour gonfler les chiffres du nombre de guérilleros tués et démontrer ainsi le succès du Programme de Sécurité Démocratique d'Uribe.






- Les massacres et bombardements aveugles

L'exemple le plus parlant est l'opération "Génésis". La guérilla était déjà présente de manière régulière depuis le milieu des années 80 dans cette zone stratégique qui représente une zone de retranchement car isolée, d’approvisionnement puisque permettant l'accès au Pacifique. En 1997, Sous prétexte d'exterminer la guérilla, le gouvernement alors sous la présidence de Samper, ordonne les bombardements aveugles sur la population civile dans la Région Uraba Antioqueno. Résultat des courses : aucun guérillero tué mais, par contre, plus de 10 000 personnes déplacées et un nombre indéfini de morts et disparus.

- Les déplacements de population. Certaines populations d´indigènes et parfois des paysans se sont vus obligés de partir de chez eux. Leur territoire étant réquisitionné sous prétexte de la guérilla. Mais bien souvent, ces terres sont convoitées par le gouvernement pour y développer la culture de la palme ou tout simplement parfois pour avoir accès à la mer et évacuer la production de drogue. Les déplacés se retrouvent sans logement, cherchent refuge en ville où ils grossissent les rangs des mendiants. Depuis 10 ans, un million de colombiens ont été contraints de quitter leur domicile.

Un exemple, c´est celui de Rosio, qui, du jour au lendemain s´est retrouvée à la rue avec toute sa famille, obligée de fuir les guérilleros pour avoir hébergé (sans en avoir le choix) l´ejercito chez elle. Elle vit maintenant dans une misérable maison au bord de la route qu´on a bien voulu leur donner. Mais elle relativise et arrive à se ménager un peu de bonheur malgré le caractère tragique de la situation.


- La loi "Paix et Justice"

Créée sous la présidence d'Uribe spécialement pour le processus de négociation avec les paramilitaires, elle leur donne des avantages honteux :
Les peines pour leurs crimes sont réduites. Par exemple, Carlos Castano, paramilitaire gradé, responsable de 8000 meurtres a écopé d'une peine de 2 à 3 ans. Soit la même peine que pour un harcèlement sexuel.
Ils sont payés 2 voire 5 fois le salaire minimum en Colombie et bénéficient d'un bon service de santé, d'une assurance vie...
Ils ne sont pas tenus de restituer les terres appropriées illégalement et ne sont pas obligés de dénoncer leurs complices.

- Les disparus ; opposants politiques, syndicalistes, paysans.

Manifestation des ONG à Cali pour dénoncer les crimes d'état
Plus de 50 000 disparus à ce jour en Colombie

Il y a donc bien du boulot pour débloquer la situation. La guerrilla fait peur aux touristes étrangers qui évitent de passer par la Colombie. C'est pourtant bien dommage pour ce pays qui a tant à offrir : des gens d'une gentillesse désarmante, des paysages magnifiques, des pratiques ancestrales proches de la nature desquelles nous avons beaucoup à apprendre.

3 commentaires:

  1. Bonne Fête Sophie!
    Un peu de géopolitique n'est pas inutile pour l'édification des lecteurs assidus de ce blog.
    Attention toutefois au fait que ce genre de régime est rompu aux techniques d'investigation de la CIA et que la traque, sur la toile, aux délateurs étrangers est systématique. Votre statut de "touristes" pourrait devenir une bien faible protection...
    Bisous,
    Tonton Daniel

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  2. Merci d'avoir pensé à ma fête : j'avais complètement oublié! On a attendu d'être en Equateur pour publier l'article qui était prêt depuis un petit moment déjà. Je pense qu'ils ne vont pas venir nous chercher jusque là, sachant qu'il existe déjà pas mal de site web qui dénoncent les agissements douteux du gouvernement colombien. Enfin, j'espère!!

    Bisous tonton, c'est chouette que tu suive notre blog !

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  3. Coucou Max et Soph, après plusieurs semaines sans regarder votre blog (pardonnez moi!)j'ai découvert avec plaisir que vos aventures tépidentes continuaient malgré les maladies, les guerrilleros et les galères en tout genre. Félicitations pour tous ces km en vélo surtout en altitude mais prenez soin de vous quand même!
    Suite à l'article ci-dessus, une question essentielle me vient à l'esprit:
    Est-ce que tous les guerrilleros sont comme sur la photo? Au quel cas je pars de suite pour la jungle colombienne dans l'espoir d'être fait prisonnier!
    Pierrot d'Avignon

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