samedi 19 juillet 2014

Home sweet home! La fin de 3 ans de voyage.

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Voici le dernier, l'ultime article de ce blog qui va relater la fin de cette belle aventure. 3 ans de découvertes, de rencontres, d'expériences en tous genres et de dépassement de soi. Nous nous souvenons du jour où nous avons claqué la porte du 22 rue des Châlets comme si c'était hier et pourtant, l'eau a coulé sous les ponts : nous sommes confrontés à un sacré décalage en redécouvrant notre pays. Tout est neuf, propre (en crise, la France?) et aussi plus compliqué : le temps semble se raccourcir et nous passons de préoccupations primaires (que mange t-on? où dort-on?) à un tourbillon de choses à organiser : les retrouvailles, le calcul de l'itinéraire, la formation en charpente de Max, la fête de retour...
Sur le chemin du retour, nous regardons notre propre pays avec des yeux d'étrangers et nous sommes plutôt agréablement surpris : quel patrimoine exceptionnel pour un si petit pays et quel dynamisme dans les réseaux associatifs! Nous redécouvrons la France entre coups de pédale et retrouvailles.

Dernière étape avant de ramener le bateau à Cordemais dans son écurie : Pornichet où nous avons droit à la 1ère vague de retrouvailles. La famille Picard, sur les starting blocks depuis un moment déjà  n'attend pas le débarquement final pour venir accueillir leur fifille : ils s'empressent de traverser la France en camping-car pour être au rendez-vous et quelle ponctualité : nous arrivons en même temps dans le petit port de Pornichet.


30 h de route et 12h de sommeil en 3 jours avant de reprendre le boulot, si c pas de l'amour ça!
Même le grand oncle de 90 ans a pris la route pour venir voir les voyageurs.

Nous faisons nos adieux à notre cher capitaine Jean-Lucien et sa formidable femme Danielle venue retrouver son marin de mari et avec qui nous avons pu partager quelques bonnes conversations.


Les Gely arriveront en force quelques jours plus tard et prendront le temps de retrouver leur fiston au cours d'un week-end culturel aux tonalités tziganes. Pour les recevoir, nous choisissons un accueil paysan, un coin de paradis dans la jungle urbanisée et industrielle des abords de Saint Nazaire.

Qu'est-ce-qu'un Accueil Paysan?  C'est un réseau de paysans qui mettent en place un accueil touristique, pédagogique et social en prenant appui sur leur activité agricole ou leur lieu de vie. Ici c'est toilettes sèches, cueillette des légumes dans le potager et logement en roulotte!


Alors, les Gely quelle impression ça fait de vivre à la nomade? A part les fourmis, c'est plutôt sympa comme cadre;-)
Avec un concert de musique manouche pour parfaire cette ambiance tzigane

Et nous allons visiter les alentours en bons touristes, découvrant cette région où nous n'avions jamais mis les pieds :  Brière et ses toits de chaume où les habitants sont encore sentimentalement attachés à leur marais bien qu'ils aient de plus en plus de mal à en vivre;














Les salines de Guérande qui s'étendent en une vaste praire marine où l'on peut apercevoir les paludiers en train de récolter le sel. Si on peut leur attribuer le mérite d'avoir réhabilité le sel de Guérande et protégé les marais, les paludiers sont parfois peu aimables avec les curieux, Soph a pu en faire l'expérience!

Et qui c'est qui va se faire gronder ? Pas le temps de poser une seule question, la paludière en rogne grogne!


Pour rejoindre Valence, nous choisissons de remonter le cours de la Loire, histoire de rajouter un superlatif de plus à notre actif! Après les Andes, la plus grande chaîne de montagnes du monde, l'Amazonie, le fleuve au débit le plus fort du monde, nous remontons la Loire, le fleuve le plus long de France!
Et le long de la Loire, il y a Angers, petite ville coquette, embellie par son tout nouveau tram où Soph retrouve ses anciens collègues de boulot : les aliséens.

Quelle émotion! Sylvia, c'est pas grave, on est là maintenant!
Maxime, toujours aussi perché que ce soit dans les arbres ou sur sa slack line; Benoit, baigne dans le réseau associatif comme un poisson dans l'eau; Sylvia, toujours aussi émotive et adorable; Anne-claire, doyenne de cette petite troupe veille sur tout le monde. Il ne manque que Sophie qui a migré à St Etienne et que nous retrouverons plus tard. Merci les collègues de m'avoir réservé un accueil si chaleureux!

Et puis à Angers il y a aussi tante Solange qui nous régale d'un bon repas et nous offre une chambre confortable pour passer la nuit.

Le Saumur Champigny servit dans des beaux verres à vin, ça c'est un petit plaisir qui nous avait manqué! Merci Solange!

La Loire à vélo est aujourd'hui la véloroute la plus importante du pays et cette voie royale nous fait découvrir les villages pittoresques des pays de la Loire, les habitats troglodytes, les vignobles de Saumur, Chinon ou Tours, le chapelet des châteaux de la Loire et la beauté des immenses grèves du fleuve.

Les villages troglodytes sont magnifiquement préservés et les constructions se mêlent à la roche harmonieusement.
Au cours de nos conversations avec les Sud américains, nous avons pu constater que la France pour eux, c'est Paris et les châteaux. Notre histoire ancienne a laissé de beaux vestiges!
On n'allait tout de même pas passer au milieu de ces champs de vignes sans faire de dégustations! Ce fut l'occasion d'un débat intéressant sur le vin"bio"critiqué pour l'utilisation autorisée de la bouillie bordelaise . Ici on pratique plutôt l'agriculture raisonnée.
Nous bivouaquons souvent sur les bords de la Loire, paisibles et sauvages. Nous ne sommes pas les seuls à venir profiter du cadre magnifique : sternes, cygnes, ragondins s'affairent avant que ne tombe la nuit. Le ciel déjà paré de couleurs orangées se reflète dans l'eau qui serpente entre les bancs de sable blanc.

Moins exotique que les plages brésiliennes mais tout aussi naturellement beau.

"Driiiiiiiinnng" cette douce paix est interrompue par un bruit métallique qui nous était devenu étranger mais qui ne va cesser de retentir dans les prochains jours : le téléphone, le lien avec la civilisation!  Il va falloir qu'on s'y remette! Mais au fait maintenant, c'est quoi : smart phone,i-phone?


Le beau temps nous abandonne à Tours : il pleut et nos garde-boues nous font défaut : la boue gicle jusque dans notre dos, les pieds sont trempés en quelques secondes et pour faire sécher la tente, ça devient plus compliqué. Nous trouvons refuge dans l'antre du monstre : un intoxiculteur! Ce sympathique agriculteur nous propose de nous abriter dans son hangar pour la nuit. Les panneaux "légumes et tradition" ne nous mettent pas la puce à l'oreille. Mais voilà, son hangar, s'avère être un dangereux laboratoire de chimie moléculaire.

Heureusement il y a Monsanto pour vous débarrasser des petites bêtes et des plus grosses : attention risque de cancer élevé!
Nous leur laisserons une petite carte en leur parlant d'agriculture raisonnée, le bio reste encore à des années lumières!

A partir de Saint Etienne, nous attend la 2ème vague de retrouvaille avec Sophie, ancienne aliséenne qui s'est installée avec sa petite famille dans une confortable maison et qu'on aura grand plaisir à retrouver. Nous faisons la connaissance de Maxime et Raphaël, ses 2 petits bouts d'hommes bien attachants.

Les 2 Sophies d'Alisée réunies!













Nous nous envolons depuis St Etienne jusqu'au Col du Colombier sans penser à la dure montée et avec une excitation non contenue. Car nous savons que de l'autre côté, c'est chez nous! Quelle émotion d'apercevoir au loin le Vercors!

Les monts d'Ardèche et au loin le Vercors... Derrière, ce ne sont pas les Alpes qu'on aperçoit?

Sur la magnifique route qui traverse l'Ardèche pour rejoindre la vallée de Rhône, nous nous arrêtons chez Laure et Hugues qui se sont installés ensemble après leur rencontre fusionnelle lors de notre fête de départ.

On boit à ta santé Hugues, arrête la fibre optique et vient picoler!

Le lendemain, nous nous laissons glisser des monts d'Ardèche jusqu'à Valence où c'est le raz-de-marée des retrouvailles :

Elé qui n'a pas envie de fraises pour rien puisqu'elle est enceinte de 7 mois!
Didine, notre ange gardien qui nous accueille chez elle les bras ouverts
Bref, toute la team de Valence que nous avions laissée 3 ans plus tôt et que nous retrouvons inchangée à part les nouvelles recrues!
Et quoi de plus approprié qu'un concert de Cumbia colombienne pour fêter nos retrouvailles?

Les festivals maintenant c'est dodo à 1 heure du mat' peu après avoir couché les petits!

Bref, ça fait bien plaisir de vous revoir les amis et ça fait chaud au cœur de voir que les gens évoluent mais que l'amitié, elle, ne bouge pas!


Marine, de la team iupienne, nous rejoint le lendemain en vélo depuis Grenoble, entraînée et motivée pour raccompagner Soph jusque dans les Alpes.

Alors Marinette prête pour enchainer les cols?
 Après 3 ans passés côte à côte, jour après jour, km après km, ensemble dans le bonheur et dans l'adversité, vient le moment de la séparation. Soph rentre dans le giron familial haut-alpin tandis que Max, après son entretien à Neopolis pour une formation de charpentier, prendra la route de l'Aveyron avec son père. La forte sensation de manque qui suit la séparation est dure, un peu comme l'impression de perdre un membre. Heureusement que nous avons tout 2 une excellente compagnie pour continuer la route et, même si elle ne remplace pas l'autre (excusez nous Marine et Christian!), elle nous aidera à penser à autre chose!

Équipe féminine : Soph et Marine

Et des choses, il y en a à penser!! Notre objectif avec Marine est de glaner des informations sur les projets agricoles et socio-culturels originaux et alternatifs qu'il existe sur notre route. Nous jetterons  aussi un œil sur les terrains à vendre proches des villages. Un futur projet collectif se dessine dans nos têtes...

Après une  nuit dans le canapé de Didine (il y en aura eu du monde dans ton canapé, ces derniers jours!) nous prenons toutes les 2 la route. Un crochet par l'ADIL pour saluer les anciens collègues et leur amener les croissants et nous voilà parties, sous le déluge. Nico et Anne nous attendent chez eux à Grâne pour déjeuner. Ils nous offrent un bon repas chaud et leur bonne humeur est un rayon de soleil dans la grisaille. Ils nous dressent une liste de contacts qui pourraient nous faire avancer dans notre quête. Parmi eux, Raph et Emilie qui se sont lancés dans la spiruline sont sur notre route, à Saillans.

La spiruline, microalgue riche en minéraux et en vitamines, un projet intéressant à grande échelle

Raph et Emilie nous invitent chez eux où nous faisons connaissance avec leur petite Fannie. La soirée est des plus agréables avec bière artisanale, bonne conversation, repas et lit confortable. Et dehors, c'est l'orage! Nous vous sommes très reconnaissantes, les amis!

En bref, le trajet jusque dans les Hautes-Alpes s'est parfaitement bien passé, nous avons enchaîné les cols, bivouaqué dans de charmants endroits, rencontré des gens sympas et discuté des heures malgré la fatigue!

8,2% et oui, ça grimpe! Prêtes pour le tour de France!
Petit soucis technique qui nous aurait empêché d'avancer si Jérémie n'avait pas été là : l'axe de la roue arrière casse.
Les rencontres avec d'autres pigeons voyageurs sont l'occasion d'échanger infos et cartes.
Nous remontons le canal de Provence jusqu'à sa source : le Lac de Serre-Ponçon, emblème de l'embrunais

Home sweet home, me voilà enfin chez moi!
Merci Marinette de m'avoir ramené à bon port! C'était super ces quelques jours en ta compagnie.
Et puis, il y a la copine du cru qui nous attend : Ananda qui a aussi mis en route un petitou! La relève risque d'être explosive!

Et qui c'est qui nous attend avec son vélo électrique pour la dernière montée jusqu'à la maison des parents? Ma petite maman trop impatiente pour attendre sur le pas de la porte!

Équipe masculine : Max et Christian, son père.

Et pendant ce temps, Max arpente les cols d'Ardèche et de Lozère avec son père sous les averses.

Après avoir remercié Didine pour son hospitalité, nous nous élançons sur la dernière étape du voyage Valence-Ortholes!
Malheureusement la météo n'est pas au rendez vous et c'est sous la grisaille que nous commençons la 1ère journée qui nous amènera au col de Mézilhac (1119 m d'altitude).
Première journée assez éprouvante pour mon père car après avoir quitté la ViaRhôna (vélo route qui suit le Rhône depuis le lac Léman jusqu'à la Méditerranée) nous montons tranquillement par une ancienne voie ferrée transformée en voie verte qui suit l'Eyrieux en Ardèche sur 45 km! Et la fin de journée s’achève avec une côte de 11 km avec une pente moyenne de 4.1%, papa GELY attrape une crampe dans la montée avant de trouver son rythme et de finir la journée après 60 km de côte!!!

La Dolce Via, Voie Verte le long de l'Eyrieux:
idéal pour les cyclos voyageurs!

Dur dur l'Ardéchoise!
Col de Mézilhac, Alt. 1119m:"Pouffff, j'en peux plus..."

Arrivés au col, il nous faut vite trouver un lieu où dormir à l'abri car l'orage arrive. Le village est presque désert et j'interpelle le seul habitant que nous croisons pour lui demander un endroit où dormir. Le paysan ardéchois, après un petit silence nous offrira la grange au dessus de sa bergerie pour monter notre tente : ouf  la journée s’achève!

Pas mal comme camping sauvage à l’abri de la pluie. 
On a tout ce qui faut, même le matelas en paille!
Parés pour un bon dodo après cette 1ère journée éprouvante!
Et les journées suivantes ne seront pas non plus de tout repos : grisaille, brouillard, vent et bruine! Bien que les conditions ne soient pas des plus favorables, nous sommes contents de pédaler ensemble, père et fils côte à côte!

Et puis on sait se faire plaisir! Rien de tel qu'un bon plat chaud et une douche brûlante pour se réchauffer
Nous profitons d'une petite accalmie pour pouvoir tester un bon camping sauvage dans le causse lozérien.

Une pause bien méritée chez Yves et Georgette qui nous accueillent dans leur vieux corps de ferme magnifiquement rénové : merci à vous et bravo pour la rénovation : c'est véritable havre de paix!

Nous arrivons enfin dans le département de l'Aveyron après mon dernier passage il y a 3 ans sur les chemins de Saint Jacques. C'est l'émotion en arrivant à la maison d'Ortholes : moi, ravi de retrouver la maison des parents pour entamer ma vie provisoire de sédentaire et mon père, heureux d'avoir pu réaliser un rêve devenu réalité à 61 ans!

Merci papa et maman pour m'avoir soutenu, de
 loin, pendant ces 3 années de voyage.

EPILOGUE

Comme les oiseaux migrateurs, notre instinct nous a soufflé qu'il était temps pour nous de rentrer et ce n'est pas pour repartir tout de suite! Que font les oiseaux quand ils arrivent de leur long voyage depuis les pays chauds? Ils font leur nid! C'est ce que nous allons faire en essayant de suivre cette nouvelle philosophie de vie qui s'est forgée en nous durant ces 3 dernières années.

Petit à petit, nous allons faire notre nid...
Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés et accueillis pendant le voyage : nous tâcherons d'en faire autant avec les futurs voyageurs! Et nous portons dans nos cœurs la famille et les amis : merci pour le soutien que vous nous avez apporté sans faillir pendant 3 ans!!!

Pour ceux qui auraient loupé quelques passages, faites signe, on vous enverra un magazine dans lequel nous avons publié un article résumant nos 3 ans :
http://www.expemag.com/sommaires/sommaire-carnets-d-aventures-36.html

5 commentaires:

  1. une belle histoire qui s'acheve, merci de nous avoir fait revé à travers ce blog, un récit et de magnifiques photos qui nous ont permis de rester proches de vous, mais vraiment hâte de vous revoir !!!
    de belle choses vous attendent ici aussi,
    gros bisous, lolotte

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  2. Merci pour ce magnifique voyage que vous nous avez fait vivre avec vous. On vous embrasse. Si vous passez dans le Tarn...
    Manu, Marie et Léo

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  3. bien la finale avec les photos on profite de l'aventure
    tersane à ramener son monde a bon port
    la visite des châteaux bien?
    ( si vous acheté Chambord ) vous pouvez recevoir
    toute la famille et amis
    merci beaucoup on à connu de belles régions en photos
    grosses bises à bientôt f

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  4. Encore bravo les amis pour la réalisation de ce projet et aussi de nous l'avoir raconté si bien. Bonne ré-adaptation à vous 2 et à très bientôt!
    Rek, Carmen & Léa

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